vendredi 30 décembre 2011

Entre stress, émerveillement et fatigue...

La raison pour laquelle mon blog est resté muet pendant deux semaines est que je suis parti passer les fêtes de Noël à Fianarantsoa dans le sud du pays en compagnie d'autres coopérants DCC.

Je vous propose donc dans l'article suivant, de suivre le périple dans lequel je me suis engagé afin d'aller les retrouver...

Vous le constaterez sur la carte, Antsiranana (Diego Suarez) et Fianarantsoa sont des villes relativement éloignées l'une de l'autre et j'ai donc été confronté au fait de devoir choisir mon moyen de transport :

- Première solution : l'avion. Moyen peu économique, mais certes rapide.
-Deuxième solution : le taxi brousse. Moyen peu rapide, mais certes économique.

Lorsque j'ai réalisé qu'il me fallait débourser 800.000 ariary (environ 300 euros ) pour un aller-retour Antsiranana-Antananarivo, c'est-à-dire l'équivalent de trois mois de salaire, j'ai rapidement opté pour le moyen le moins rapide...A défaut de gagner du temps dans les transports, j'en ai au moins gagné dans ma prise de décision !

Objectif donc : couvrir la distance Antsiranana-Antananarivo (1200 km) et Antananarivo-Fianarantsoa (400 km) le plus rapidement possible en roulant sur l'autoroute malgache, c'est-à-dire l'équivalent d'une nationale française très mal entretenue où les pointes de vitesse s'effectuent à 80 km/h, mais où la moyenne est de 50 km/h...Calculez vite, vous aurez un voyage qui s'effectue en 32h...dans la théorie...
Départ donc à 14h de Diego (toujours dans la théorie, le vrai départ lui, s'effectue 1h30 plus tard).

Mais passons un peu à ce qui fait de ce voyage une source d'émerveillement.
Lorsque l'on est bien placé dans le véhicule, c'est-à-dire à la fenêtre derrière le chauffeur, on a le triple avantage de pouvoir à la fois avoir de la place pour ses jambes, de pouvoir contrôler l'arrivée d'air à la fenêtre et d'admirer le paysage.

Et quel paysage...un paysage fait à la fois de vie et de beauté.

Durant les premières 24h (Antsiranana-Antananarivo), le soleil est haut dans le ciel, puis commence à se coucher, disparait complètement, se lève à 5h du matin, et recommence sa course dans le ciel...
Pendant ce temps, à la fenêtre, nous voyons le cycle de la vie se dérouler à Madagascar dans les différents villages que nous traversons...les personnes vendent leurs denrées au marché, au crépuscule, on les aperçoit se laver dans l'eau de la rivière, allumer leur feu à la tombée de la nuit, veiller jusqu'à 22h, et tout Madagascar s'endort jusqu'à 4h du matin...à 4h, il fait encore nuit, mais on remarque déjà les travailleurs pousser leur chariot pour se rendre à la ville vendre leurs sacs. A 5h, ils sont déjà présents devant leur étal à attendre qu'un client se présente ou pieds nus dans les rizières pour y planter le riz...
Les journées se suivent et se ressemblent pour la plupart des Malgaches...elle se résume à devoir gagner sa vie...

On aperçoit successivement le soleil se coucher sur les rizières, et puis se lever de nouveau, éclairant les villages. Sa chaleur s'immisce petit à petit, on passe de la fraicheur de la nuit à la chaleur de midi.

On assiste au passage de plusieurs troupeaux de zébus...certains se livrent combat au beau milieu de la route.
A côté de moi, se trouve un homme qui mâche du kat. Cette plante cultivée à Diego censée avoir les mêmes effets que le café, pour permettre aux travailleurs de rester le plus longtemps actifs...il mâche, mâche et mâche encore pendant trois heures. Sa joue gonfle si bien que je me demande si elle ne va pas finir par me toucher d'ici la fin du voyage.

Et puis, l'émerveillement fait place au stress...je viens de constater que mon téléphone portable n'avait plus de batterie, alors que nous ne sommes pas encore arrivés à Antananarivo...

Alors que le taxi-brousse entre dans Antananarivo, je constate toute la pauvreté de cette grande ville...
Le taxi brousse n'est pas encore totalement arrêté que déjà les rabatteurs de taxi frappe à ma vitre, ils ont repéré un blanc.
"Un taxi monsieur ?", "Vous allez où monsieur ?", "Donne de l'argent monsieur"...dix, quinze, vingt fois, il faut répondre toujours la même chose "non", "ça ne m'intéresse pas"...

Surveiller son sac, ses poches, scruter les alentours pour chercher un point de rendez-vous à donner, repousser encore et toujours les rabatteurs, attendre que ma valise soit détachée du coffre, m'extirper de la foule (si possible)...réaliser une nouvelle fois que mon portable n'a plus de batterie...ouf, il m'en reste suffisamment pour récupérer le numéro qui m'intéresse...

"Monsieur vous parlez français ? S'il vous plait, avez vous un portable orange ? Est il possible d'échanger nos cartes SIM, je dois absolument téléphoner à quelqu'un et je n'ai plus de batterie ? Merci !"...Sauvé...

Et puis, après le coup de fil, l'attente...interminable..."Mon interlocuteur m'a-t-il bien compris ? A-t-il bien compris le lieu de rendez-vous ? Ne va-t-il pas renoncer à me chercher ? Je n'ai plus aucun moyen de communication..."
Et puis la délivrance..."vazaha, quelqu'un te cherche là-bas"...soupir de soulagement...

Retour en mode émerveillement...
Je rencontre donc Roland...et Roland. L'un chauffeur, l'autre frère de celui qui m’emmènera à Fianarantsoa...En attendant de retrouver le véhicule qui me fera parcourir les 400 dernières kilomètres, Roland et Roland me font faire un peu le tour de la ville, me payent une bière, me posent des questions sur ce que je fais à Madagascar, je leur en pose sur leur métier (ils sont guides touristiques), leur famille...
Des rencontres toutes simples...à vrai dire, des amis d'amis d'amis (coopérants) d'amis coopérants...Bref, des rencontres qui font du bien, parce qu'elles rassurent, mettent en confiance, à un moment où j'en avais bien besoin...Ces gens m'ont également bien aidé pour le retour, m'ont fait rencontrer d'autres personnes, m'ont filé un sacré coup de main pour cette aventure. Christian, Roland et Roland pour l'aller, pour le retour Zara et Sarah qui attendent un enfant pour mars...de belles discussions, une belle entraide. Merci.

Je rejoins donc Christian (encore un !) et sa troupe scoute pour la deuxième partie du trajet...j'ai la chance d'avoir quelqu'un à mes côtés qui durant les premiers kilomètres m'explique les paysages malgaches...et puis, comme il est déjà 18h, la nuit tombe rapidement, le sommeil également. On passe en mode fatigue.
Les contrôles de police, gendarmerie et des militaires très nombreux (une trentaine sur tout le voyage) commencent à m'exaspérer...ils m'empêchent de rallier au plus vite ma destination...200 ariary par ci, 200 ariary par là, tous les moyens sont bons pour gagner un peu d'argent à travers la corruption...et puis, il est bien gentil de m'avoir expliqué les paysages malgaches, mais maintenant qu'il dort, mon voisin prend toute la place, et puis, j'ai la jambe toute ankylosée maintenant, j'arrive pas à dormir...encore une pause ? Mais on en a fait une il y a cinq heures !
Allez, plus que 150 km...calculons, il est 22h, on roule à peu près à 70 km/h, avec un peu de chance, on arrive à Fianarantsoa vers minuit, 1h pour compter large..
Bon, rectifions, il est 23h30, encore 100 km, allez, on espère 2h du matin ?


Arrivé à 3h, nouveau calcul...je viens de voyager pendant 36h30...j'ai retrouvé Loïc et Delphine avec joie, nous avons discuté pendant une heure. Couché à 4h, je me suis alors levé à...5h, prêt à attaquer pour une nouvelle journée !

Retour

Bonjour à tous !

Juste un petit message pour vous signaler mon retour hier au foyer...je suis parti à 4h du matin le 28 de Fianarantsoa ) et je suis arrivé le 29 à 18h30 (38h30 de voyage...qui dit mieux ?). Je ne manquerai pas de répondre à vos différents mails (j'ai pris du retard), l'accès à internet était très limité ces temps-ci.

Je crois avoir passé l'anniversaire le plus pourri de mon existence (j'ai eu 24 ans hier) puisqu'en plus des 18h30 de voyage le 29, je suis arrivé au foyer pour constater que je ne pourrai pas être sur skype à cause d'une coupure de courant...bref, la Jirama (=EDF) a sagement attendu que je tombe de sommeil pour rebrancher le courant...au final, je ne lis seulement que ce matin vos mails d'anniversaire...avec un brin de déception de ne les lire que maintenant...Sans compter qu'au foyer, personne n'y avait pensé...

J'ai pris du retard dans les articles ces temps-ci, je me remets donc à la tâche...vous en aurez très prochainement !
J'espère que vous avez tous passé de belles fêtes (ce fut le cas pour ma part). A bientôt !

mercredi 14 décembre 2011

Njaka

Voici Njaka !
J'avais promis de vous en parler quelques temps...alors comme aujourd'hui, il a 20 ans, je trouve que c'est une bonne occasion pour vous le présenter ! Même s'il le fait très bien lui-même à travers cette vidéo que je vous laisse visionner avant d'en dire plus...
Comme j'ai pu vous le dire auparavant, et comme il a pu vous le dire dans la vidéo, son prénom se prononce "N'zak". Je suis à présent sûr que vous ne manquerez pas de lire cet article en malgachisant votre prononciation...on appelle un chat : un chat, et on appelle Njaka : Njaka !

En début d'année, Njaka a eu du mal à s'acclimater au foyer. Il m'a confié par la suite avoir réellement envisagé pendant un temps de rentrer chez lui. 
En cours, il n'était pas très motivé, arrivait de temps en temps sans avoir fait ses devoirs, rechignait à la tâche et avait du mal à accepter les remarques de Christian. Le seul endroit où je le voyais s'épanouir était le terrain de basket, endroit où il était et où il reste l'un des meilleurs du foyer.

Bien qu'ayant un tempérament un peu "rebelle", j'ai toujours senti chez Njaka beaucoup de potentiel...qu'il s'empêchait lui-même de développer à cause de sa résignation. Au fur et à mesure des jours et des semaines, Njaka s'est ouvert, a commencé à devenir lui-même, s'est intéressé aux cours, s'est mis à poser des questions, a probablement décidé en lui-même de s'investir. Nous l'avons vu se transformer. Parler de plus en plus français. Blaguer et faire des farces.
En témoigne le jour où je suis allé à l'hôpital avec une dizaine de gars, dont Njaka, pour faire les tests concernant notre groupe sanguin et donner en conséquence notre sang pour notre cuisinière. Lors de l'attente à l'extérieur, Njaka s'est mis à parler en Malgache avec les uns et les autres. Je n'ai bien entendu rien compris de ce qu'il racontait, mais à en voir son air sérieux et l'air hilare de ses interlocuteurs, j'ai bien compris qu'il aimait amuser la galerie...

En prenant un peu de temps avec lui au début de l'année en soutien particulier, Njaka a réussi à prendre conscience de ses capacités...persuadé qu'il était de ne pas pouvoir apprendre par cœur un rôle théâtral, ce soutien lui a permis de constater le contraire...la vidéo suivante vous le montrera : il nous récite une partie de "La leçon", extrait du Bourgeois Gentilhomme (Molière). Njaka aime beaucoup le théâtre, et je suis persuadé que c'est l'un de ceux qui prendra le plus de plaisir à jouer un rôle dans les mois qui viennent.



La vidéo vous aura permis également de connaître un peu mieux Njaka, son rire, son naturel, sa relation aux autres, ses tics ("Qu'est-ce que c'est que ça !", ou se taper le front de dépit)...bien entendu, on ne peut prétendre rencontrer et connaître une personne à travers une vidéo de 4 mn, mais je trouve Njaka très naturel sur celle-ci.

Je suis convaincu que Njaka a eu besoin et a toujours besoin qu'on ait confiance en lui pour qu'il puisse avancer. C'est un garçon que je trouve très attachant, qui, malgré le fait qu'il garde son tempérament rebelle (et c'est tout ce qui fait son charme), sait reconnaitre à travers ses gestes l'attention et l'aide que nous lui donnons. Njaka passe souvent près de moi pour me faire une blague, ou pour me demander "ça va Augustin ?"...

jeudi 8 décembre 2011

Le tic du tac...

Lycéen...étudiant....qu'il semble loin cet âge insouciant...

Maintenant que me voilà passé de l'autre côté de la barrière, un paquet de préjugés sont en train de tomber...

Préjugé numéro 1 :
Le professeur ne me voit pas quand je suis en train de jouer avec mon portable ou d'envoyer un message avec celui-ci : je le cache soigneusement sous la table !

C'est fou comment vu du tableau on repère toutes les personnes penchées regardant leurs mains sous la table ! Si j'avais su !

 
Préjugé numéro 2 :
Si j'ai oublié de faire mes devoirs, je peux le faire sans problème pendant le cours, pendant le moment où le professeur interroge un de mes camarades...

C'est fou toutes les personnes qui se mettent à écrire lorsque j'interroge quelqu'un sur un devoir...à croire que les devoirs des autres sont très intéressants ! Si j'avais su !

Préjugé numéro 3 :
Ce professeur est trop drôle, il n'arrête pas dire "il faut bien voir que, il faut bien remarquer que, il faut bien penser que"...trop drôle son tic, il l'a dit 22 fois en deux heures. Moi ça ne m'arrivera jamais.

C'est fou ce que les élèves peuvent exagérer les choses. Ils m'ont dit qu'en trois heures, j'ai prononcé 31 fois le mot tac.

Et puis, il y a les préjugés des professeurs...

Préjugé numéro 4 :
Mes cours sont tellement intéressants que je suis sûr que mes élèves m'écouteraient pendant des heures sans s'arrêter !

- Comment ça ? Ca fait 2h45 qu'on travaille et vous voulez déjà une pause ? Mais ma parole, ce que je raconte n'est donc pas intéressant ?
- Comment ça ? Oui je sais, c'est l'heure, mais vous pouvez bien attendre 5mn de plus non ?

Flash-back de quelques années : Dans 5mn, c'est la pause. Dans 4mn et 50s, c'est la pause...Plus que 3mn et 5s. Encore 30s. 5...4...3...2...1...0 !

Préjugé numéro 5 :
Je vais leur faire faire un devoir sur table, comme ça je vais pouvoir me reposer.

Gloups...j'avais oublié qu'après, il faut deux fois plus de temps pour corriger...si j'avais su !

Heureusement, même quand on aime ce que l'on fait, il y a bien une chose qui ne change pas quand on est élève ou professeur : l'arrivée des vacances fait toujours beaucoup de bien...!

Hé oui, c'est les vacances dans une semaine...enfin un peu de repos !

vendredi 2 décembre 2011

Prénoms

Les prénoms...quel aventure !
Connaissez-vous les prénoms de toutes les personnes que vous avez déjà rencontrées au moins une fois ?

La réponse est probablement non, tout comme moi. Et pourtant, ici comme en France, je m'efforce de ne jamais avoir à demander une deuxième fois son prénom à une personne.
Appeler quelqu'un par son prénom dès le début, c'est lui signifier qu'il n'est pas passé inaperçu à mes yeux, que je l'ai remarqué. C'est lui montrer que je fais l'effort de le connaitre.

Être appelé par son prénom, c'est être reconnu comme une personne à part entière, c'est se sentir exister aux yeux des autres et se sentir unique.
Être appelé par un prénom qui n'est pas le sien, c'est frustrant, nous nous sentons dépossédé de quelque chose, l'autre n'a pas fait l'effort de nous rencontrer réellement.


Apprendre les prénoms ici est plus difficile que cela ne peut paraitre. Chaque culture génère ses propres prénoms. Chaque personne rencontrée ici me donne alors l'opportunité d'en apprendre un nouveau...et ça n'est pas facile.
En plus des personnes, il me faut donc apprendre le prénom en lui-même ainsi que sa prononciation.

Les prénoms ont des origines diverses et très variées...certains de mes élèves s'appellent donc "Jean Giono", "Platini" ou encore "François d'Assise"...bien que surprenants, ces prénoms font référence à quelque chose que je connais : il ne me reste qu'à savoir à qui ils appartiennent.
Il est clair que les personnes qui portent des prénoms connus en France sont avantagées. Gabrielle, Pierre, Daniel, Clément et compagnie ont donc été très rapidement repérés...

J'ai en revanche mis beaucoup plus de temps à connaitre Njaka...
Chacun aura en fait lu "Njaka" alors qu'il faut prononcer "N'zac". Les sonorités malgaches m'échappent souvent et il me faut du temps pour les assimiler et les prononcer le mieux possible. La difficulté est d'autant plus forte que les prénoms se mélangent souvent aux noms, et que l'on ne sait pas toujours comment appeler la personne...Les prénoms sont donc régulièrement écorchés et certains n'hésitent pas à se simplifier la tâche en appelant les autres selon leurs propres convenances.

C'est ainsi qu'en arrivant ici, Christian, l'un des jeunes, s'est vu prénommé Alphonse par certains, afin de ne pas être confondu avec le Père Christian. J'ai sagement suivi le mouvement, jusqu'au jour, où en discutant avec lui, j'ai réalisé qu'il préférait être appelé Christian...tant pis pour la solution de facilité, Christian est redevenu Christian !

Les fruits de ces efforts, je les ai vois régulièrement sur les sourires des gens agréablement surpris de savoir que je les ai repérés. C'est en particulier le cas des sœurs du Noviciat auprès de qui je donne des cours de Français et de guitare. Ayant fait un plan de la classe, j'ai très rapidement pu retenir leur prénom, ce qui a eu pour effet de véritablement les surprendre, j'en ai pour preuve les larges sourires de surprise qu'elles ont abordés à l'entente du leur. La tendance ici ne semble pas être à l'individualité et Christian (Père Christian) m'a dit être étonné du fait que j'appelais chacun et chacune par son prénom, quand lui n'en connaissait aucun.
Je ne connais pas encore à l'heure actuelle les noms de tous mes élèves...encore faudrait-il qu'ils soient présents en cours...aux deux derniers pointages du cours de sociologie, ils étaient 16 puis 21 étudiants...sur les 35 de ma liste ! Priorité donc aux assidus, ce sont eux que ma mémoire enregistre plus facilement...Une chose est sûre, eux m'ont plus facilement repéré ! Un nouveau venu, blanc de surcroit, se repère plus facilement ici et il est assez courant pour ma part de croiser quelqu'un me saluant par mon prénom sans parvenir pour ma part à me souvenir où j'ai vu cette personne...j'espère que cette situation se produira de moins en moins, c'est un défi que je relève au quotidien...

Dire notre prénom est la première chose que nous faisons en déclinant notre identité, et demander son prénom à quelqu'un est l'une des premières questions que nous apprenons lorsque nous désirons connaître une langue étrangère.
Azovy anaranao ?
Ny anarako dia Augustin...

Et vous ? Certains me lisent du Canada, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Tunisie et de France, de Russie, d'Algérie, de Belgique et des Pays-Bas, du Pérou, de Madagascar et d'Allemagne, du Maroc, du Cameroun et de tant d'autres pays...si je connais le prénom de certaines personnes qui me disent consulter mes articles de temps à autre, d'autres se montrent plus discrètes...

Et vous ? Azovy anao ? (Qui êtes-vous ?) Azovy anaranao ? (Comment vous appelez-vous ?)
Il me reste encore tant de prénoms à apprendre ici et ailleurs, à commencer par le votre...

samedi 26 novembre 2011

Matchs

Ces semaines-ci, ont lieu quelques matchs de football opposant les différentes équipes du Grand Séminaire et du foyer Brottier...

Je pensais initialement qu'il s'agissait de simple petits matchs "bon enfant", mais j'ai découvert que ceux-ci étaient pris très au sérieux !

Il y a donc quatre équipes : une équipe regroupant les jeunes du foyer Brottier et les quelques théologiens du Grand Séminaire, et trois autres équipes composées tout simplement des élèves des trois classes de ce même Grand Séminaire.
Au final, la compétition regroupe des joueurs que j'ai pratiquement tous en classe !

Comme je n'avais pas encore de chaussures de sport adaptées à ma pointure, je n'ai pas joué le premier match...j'ai fait donc ma première apparition jeudi dernier, contre les joueurs de première année (que j'ai en cours le mercredi matin).

Pour moi, il ne s'agissait pas d'un match totalement banal. Les différents jeunes m'ont expliqué que c'était la première fois qu'un professeur participait au match avec eux, de surcroit, un blanc ! Outre le fait d'essayer de ne pas ridiculiser un peu plus le foot français, c'était pour moi l'occasion de rencontrer mes élèves sur un autre terrain (c'est le cas de le dire) et de les connaitre autrement. D'autre part, bien qu'ayant globalement le même âge qu'eux, tous les élèves du Grand Séminaire me considèrent avant tout comme un professeur, la plupart d'entre eux m'appelant "Monsieur".


L'avant-match est d'ailleurs très significatif : après avoir rempli le nom des différents joueurs sur la feuille de matchs, les deux capitaines se mettent à côté des arbitres (vous aurez éventuellement reconnu Landry en blanc) et ces derniers commencent à appeler les joueurs les uns après les autres.
Chacun se présente donc à l'appel de son prénom devant les arbitres et montre rapidement la longueur de ses crampons...défilé qui prend la forme d'un rite plus que d'une simple vérification...chacun montre ses pieds, y compris les joueurs en tongs ou pieds nus !
- Njaka
- ...
- Brilland
- ...
-Augustin (il n'a pas encore compris que c'était moi)
-...
-(Air gêné) Ah euh, pardon, bonjour Monsieur Augustin ! (il vient de comprendre)

Pas question donc d'être mauvais joueur durant cette partie, sans quoi ma crédibilité en perdrait un coup !

Le match fut...particulier !
La plupart des jeunes m'ayant fait la réflexion de savoir si je jouais avec mes lunettes ou non, j'ai fini par tenter l'expérience, à savoir, commencer le match sans les porter...
Au bout de cinq minutes, j'étais déjà tombé deux fois, m'étais fait une plaie de la grosseur de ma paume sur la cuisse gauche et me faisais la réflexion que cela faisait bien longtemps que je n'avais plus fait de sport !
J'ai repris mes lunettes au bout de quelques minutes...et me suis fait remplacé quelques minutes plus tard ! Pour me rassurer, mes jeunes m'ont dit qu'ils avaient cru que j'étais blessé et avait jugé opportun de me sortir...mais je ne suis pas totalement dupe sur mon niveau de jeu !

La nuit qui a suivi a été assez douloureuse, incapable que j'étais de m'endormir sur le côté gauche du fait de ma grosse égratignure, en plus des quelques courbatures récupérées à droite à gauche...
Ayant cours le lendemain avec les élèves de deuxième et troisième année pour la sociologie, ceux-ci ont abordé le sujet pour savoir si je n'étais pas trop fatigué...certains m'ont gentiment charrié, d'autres m'ont trouvé l'excuse du terrain auquel je n'étais pas habitué...(vous le constaterez vous-mêmes, le terrain poussiéreux et le vent rend les conditions de jeu assez déplorables...).
Certes, mon match ne fut pas très glorieux, mais ce fut une très bonne occasion d'aller à la rencontre de mes élèves et de les voir autrement, et de manière réciproque, qu'ils me voient autrement.
Petits moments de partage en toute simplicité, petits moments de grande richesse et de rencontres, moments de vie, tout simplement.

dimanche 20 novembre 2011

Perles de coopé

Voici quelques perles entendues ou trouvées sur les devoirs de mes élèves...

Lors d'un devoir de vocabulaire :

Crustacés : En carapace. Exemple : escargot (Fabrice)

Soupeser : Soupeser c'est quelqu'un qui met sa main au dessous d'un objet pour annuler l'attraction de la terre pour balancer le poids d'un objet et l'intensité de l'apesanteur. (Jean-Marie)

Altruisme : C'est un terme philosophique indiquant les gens qui ont des idées bien applicables dramatiques sans violence. (Jean-Marie)

Altruisme : Le fait d'être altruiste (Jarry).

A la question, que faut-il faire pour être un bon philosophe ?
Pour être un bon philosophe, il faut être étoner car la philosophie est née de l'étonation (Ginau)

Lors de la dernière dictée, chacun est passé au tableau afin d'y marquer une des phrases du texte :
Pour le morceau de phrase "... nous emplit-elle du bonheur de vivre.", Jean-Marie nous a écrit : "nous ont plus tel du bonne heur du livre".
J'avoue que je me mordais les lèvres et que je restais dos aux élèves et face au tableau pour pas que l'on me voit rire...


Petites réflexions issues des devoirs de philosophie :
A la question, "est-il nécessaire de porter des vêtements ?", Odon nous avance un argument imparable :
En plus, tous les hommes ont de la timidité, les gens nu-corps été augmenter la timidité. Alors les vêtements est l'un des solutions pour lutte contre la timidité.

Comment faire pour bien gérer l'argent ? (Odon)
Deuxièmement, chacun doit bien gérer l'argent car l'argent est un solution pour sortir de la pauvreté. L'argent est utile toujours pour la vie de l'homme. Donc faut pas gaspier l'agent. Le proverbe Malgache affirme que la vie di l'homme est comme le roue de la charrette, peut être en haut, peut être en bas.
[...] Pour conclure, l'argent est la source de la vie. L'argent ameliore la vie des Hommes la vie de pays. Par contre, l'argent est aussi détruit la vie des Hommes. Donc chacun doit-être bien gérer l'argent pour avoir une bonne avenir.

Un petit aperçu des devoirs de Landry, qui répond à la question "Doit on toujours se fier à la science ?"
La science est un savoir bien organisé méthodiquement qui doit être présenté d'un souci de clarté, de précision, de rigueur et d'objectivité.

Odilon conclut de son côté la question "La société peut-elle assurer totalement le bien être des individus qui la composent ?" en posant une autre question : "Si la société s'entraide, cela peut-il améliorer vite un pays ?".

En ce qui concerne Brilland, il est mon premier exemple de plagiat...
La phrase "Cependant, presque innombrable est l'armée des mécontents, de ceux qui ont une attitude fausse envers la vie" a attiré mon attention parmi le reste du devoir pour sa bonne rédaction...sitôt dit, sitôt fait, je tape cette phrase sur google...et bingo, je tombe sur un livre que nous avons dans la bibliothèque...Sacré Brilland, tu ne m'auras pas comme ça...!
Le début de sa conclusion commence ainsi : "Comme conclusion hative, [...] "...

Quant à Jean-Marie, il a une idée encore plus simple pour répondre à la question "Est ce que je sais vraiment qui je suis ?", la réponse est "OUI !"...ça a le mérite d'être clair !

Rencontres :
Quand je suis en dehors du foyer, je croise quelques personnes, qui, souhaitant profiter de la présence d'un Français pour tester leurs quelques connaissances linguistiques, me lancent : "Bonjour, tu vas bien ?", "Bonjour mon ami !"...qu'on soit bien clair, je ne connais ces personnes ni d'Eve ni d'Adam, alors je vous avoue que ça fait assez bizarre d'entendre ça !

Les deux dernières perles me concernent directement :
A la fin d'un cours de sociologique, un élève vient me voir et me demande :
- Monsieur, vous utilisez du gel pour les cheveux ?
-...
-...
-euh...
-... vous avez des beaux cheveux, j'aimerais bien avoir les mêmes (disons que mes cheveux commencent à avoir une taille relativement longue pour un Malgache).
-...en fait il faut que je t'avoue, j'ai pas mis de gel, je les ai juste pas lavés depuis cinq jours...mais merci, ça me touche !

Faut-il considérer ça comme la honte de ma vie ou comme la fierté de ma vie ? Entre les deux mon coeur balance !

Enfin la dernière perle vient démontrer à tous qu'un professeur n'est jamais infaillible, surtout en ce qui me concerne !
- (Pierre) Augustin, le verbe "enjoindre" ça veut dire pareil que "grander" c'est ça ? (il voulait dire "gronder", mais je ne l'ai compris que plus tard)
- Enjoindre ? Non, ça ça n'existe pas. Tu veux dire "grandir" peut-être ? Un verbe en rapport avec "grandir" ? Non je vois pas trop.
-Nan mais le verbe "enjoindre", ça veut dire pareil que "grander" non ?
-Nan mais Pierre, je t'ai dit que le mot "enjoindre n'existe pas ! Et je vois vraiment pas à quel verbe il peut ressembler, ça n'existe pas ! (tout le monde rit dans la salle de voir que Pierre s'acharne à vouloir m'apprendre un mot de vocabulaire...un peu comme s'il voulait apprendre à un vieux singe à faire la grimace, pour reprendre l'expression que je venais de leur apprendre...)
- Nan mais "enjoindre" !
- (Avec un grand sourire au bord des lèvres), nan mais ça n'existe pas ! (éclats de rire) Cherche pas ça n'existe pas ! Tiens, si tu veux en être convaincu, prends le dictionnaire et regarde, nous on passe à autre chose. (je lui donne le dico)
-...
-Donc, on disait...
-Augustin ? Regarde ici...C'est marqué ici "Enjoindre : Ordonner à quelqu'un."...
-...Ah oui...maintenant que tu le dis...(nouvel éclat de rire, mais cette fois-ci, ça n'était plus Pierre qui en était la cible...)

lundi 14 novembre 2011

Petit week-end festif

J'avais l'intention ces jours-ci de vous présenter un article sur les perles de mes jeunes en classe (et sur les miennes), mais ce week-end ayant été un peu particulier, j'ai décidé de faire un petit article à ce sujet ! Place au quotidien ! Les petites anecdotes attendront bien quelques jours de plus !

Dimanche 13 novembre, nous avons fêté l'anniversaire de Gaby, qui a soufflé ses...67 bougies...(ben oui, je me suis trompé dans le précédent article le concernant, je l'ai un peu vieilli !)
Ce fut donc l'occasion de découvrir quelques danses malgaches pour faire la fête, danses auxquelles j'ai volontiers participé ! La joie étant de rigueur, j'aime vous la faire partager à travers cette petite vidéo...
Profitez en, c'est une des premières vidéos où l'on me voit plus de dix secondes...la caméra était posée dans le placard initialement destiné aux assiettes...!

 
La fête a cependant ses inconvénients, mes jeunes étaient nettement moins vigoureux ce matin quand je les ai récupérés...entre les quelques retards, ceux qui dormaient en classe, qui n'avaient pas fait leurs devoirs, les maux de têtes de ceux qui avaient un peu abusé du rhum et ceux qui ne se sont pas réveillés de leur sieste de l'après-midi pour reprendre les cours...la journée n'a pas été facile ! En l'absence du Père Christian, Gaby et moi avons bien l'intention de reprendre tout ceci lors de la réunion hebdomadaire du vendredi soir...

Et puis, voici une autre vidéo. Elle ne présente rien de particulier, si ce n'est la vie qu'il y a au foyer Brottier...il s'agit du samedi matin, pendant le triage de riz...vous verrez successivement Marcella, Gabrielle et son frère Gabin, leur cousin Ortega, Patrick le frère de Vaniah, Donatien, Ginau, Jarry, Brilland, Odon, Christian (Alphonse), Njaka, Odilon et Landry...
Ortega, Gabin et Gabrielle habitent tout à côté du foyer, et font partis des enfants qui passent régulièrement au foyer nous rendre visite. Gabin apprécie particulièrement ma présence ici, en témoignent son sourire et le fait qu'il court à ma rencontre lorsqu'il me voit.




La matinée de mardi matin (demain matin), sera un peu spéciale. Une de nos cuisinières est sur le point d'être opérée, et l’hôpital fait donc appel aux donneurs de sang du groupe O+...(il parait que ce sont les donneurs universels), dont je fais parti...quelques jeunes et moi-même allons donc nous rendre à l’hôpital demain pour donner notre sang...ce qui annule d'office le cours de philo ! (ça tombe bien, je n'avais pas encore préparé mon cours...)...

mercredi 9 novembre 2011

Jocelyn et les autres...

Cela fait déjà quelques jours déjà que je n’ai pas écrit. Les posts s’espacent de plus en plus, signe que je commence à m’acclimater à mon quotidien, et que mes semaines sont bien remplies ! Quelques personnes me sollicitent encore à droite à gauche pour donner des cours, mais j’ai à présent décider de figer mon emploi du temps afin de me laisser un peu de temps pour moi et pour préparer mes cours. Mon ordinateur a également eu la bonne idée de me lâcher cette semaine ce qui ne facilite pas notre communication ces jours-ci, que ce soit par mail, skype ou encore le blog…


Cette semaine, un des étudiants (Jocelyn) a décidé de quitter le foyer. Il nous a expliqué avoir des difficultés à suivre le niveau demandé et être en difficulté. Il a tenu à nous remercier pour l’avoir accueilli et a donc quitté la formation. Je ne sais que penser de ce départ. Il est vrai que Jocelyn avait de grosses difficultés de compréhension, et pas seulement en Français d’après les propos de Christian. Je suis à présent partagé entre le soulagement de ne plus avoir à m’occuper de lui et la déception de ne pas avoir réussi à lui apprendre le français.

Peut-être le niveau demandé était-il trop élevé pour lui ? Jocelyn a 29 ans et sortait d’une année d’université pour étudier le Français…surprenant quand on connait son niveau à l’oral…

Je continue à me poser la question de savoir quelle était la meilleure chose à faire pour lui. Avait-il sa place ici et n’avons-nous pas su nous adapter ? Ou au contraire, était-il préférable pour lui qu’il parte afin de ne pas se confronter à son faible niveau dans les années à venir ?

C’est ici une des questions que j’ai perpétuellement en tête dans la formation de ces jeunes : les aider à trouver la voie où ils seront heureux et épanouis dans ce qu’ils font.

La tâche n’est pas aisée, car il faut réussir à les connaitre plus intérieurement pour pouvoir les aider à s’orienter. Il est important d’agir avant tout dans leur intérêt et dans celui de ceux auprès de qui ils interviendront par la suite…

Peut-être cet accompagnement passe-t-il tout simplement par une présence humaine à leurs côtés ?


Hier, lorsque j’ai abordé avec eux quelques notions de sociologie, nous avons dérivé (je ne sais plus pour quelle raison) sur la question « qu’est-ce qu’un bon prof ? ». Certains ont tout simplement dit « c’est quelqu’un qui connait le caractère de chacun de ses élèves et qui s’adapte à eux pour les gronder. ». Ce qui me laisse penser que les conditions que j’ai ici me permettent vraiment de pouvoir les connaitre et les accompagner, au-delà du simple métier de prof.

Il est vrai que je pense maintenant connaître à peu près le caractère de chacun…entre les sérieux, les efficaces, les blagueurs, les rebelles, les étourdis, les timides, ceux en difficulté et les curieux…entre ceux qui me font rire régulièrement, ceux qui me tapent sur le système et ceux qui ont toujours la question à laquelle je ne sais pas répondre…il y a ceux qui posent une question et qui n’écoutent pas la réponse, ceux qui n’en posent pas mais qui écoutent quand je parle, ceux qui ne rient que quand je ris, ceux qui essayent de négocier les rendus de devoir et ceux qui font des progrès…

 « Plus se joignent de voix diverses et contraires, plus merveilleux aussi résonne le concert »…disait Angelius Silesius...c'est tout ça qui rend la classe et la coopé vivante...

Allez, en voici une petite illustration…vidéos prises pendant la répétition de chants pour la messe du lendemain…



jeudi 3 novembre 2011

Gaby

 Un petit article sur le Père Gaby (Gabriel) dont je vous parle également depuis quelques temps. C'est lui qui est mon partenaire. En d'autres termes, le contrat de ma coopération s'établit entre la DCC, Gaby et moi-même.

Comme vous pouvez le constater, Gaby est tout comme moi, un vazaha ! (un blanc)
Il fait parti des premiers coopérants de la DCC, promo 1968, à être arrivé à Madagascar...le virus est resté, et après avoir vadrouillé un peu partout dans l'île, il est installé depuis neuf ans à Diego au foyer Brottier...Gaby a maintenant 68 ans (enfin, il me semble...), est un peu sourd d'oreille et souhaite, pour son enterrement, être enterré dans le jardin du foyer !

Tout comme moi, Gaby est un grand amateur de mangues (c'est tout simplement un délice...) et n'hésite pas à aller rouspéter régulièrement contre les salariés de la Zirama (qui gère l'électricité et l'eau) lors des différentes coupures.
A ce sujet, nous sommes sans eau depuis bientôt une semaine. Nous nous débrouillons donc pour en récupérer à droite à gauche mais la tendance est encore plus à l'économie que d'habitude. Le moindre robinet ouvert est refermé le plus rapidement possible et les douches sont de plus en plus espacées...(je suis resté avec du sable dans les cheveux et le sel marin sur moi pendant 2 journées...j'hésitais trop à prendre une douche et à prendre sur l'eau collective...c'est pas très agréable, mais on s'y fait !)
Le robinet contre mon mur dont je vous parlais récemment (cf article sur les coupures) n'est en fait plus alimenté et la citerne ne se remplit plus...


Certains ont remarqué avant mon départ qu'il m'arrivait de boire quelques gouttes d'alcool à l'occasion (alors que je n'en buvais jamais auparavant)...ce n'est absolument rien comparé à ce que Gaby me fait avaler en matière de whisky ou de bière...Grand amateur des apéritifs, Gaby prétexte souvent qu'il faut que quelqu'un l'accompagne, et bien souvent, me remplit mon verre avant que je n'aie eu le temps de dire "ouf"...
Il me faut maintenant user de stratagèmes tels que retourner mon verre ou le remplir d'eau au préalable pour parer à une attaque surprise et me retrouver à devoir ingurgiter un verre supplémentaire sans l'avoir demandé...

Lors de nos différentes discussions, j'ai senti chez Gaby un véritable désir de former les jeunes. Il souhaite avant tout que ceux-ci soient aptes, à la fin de l'année, à prendre par eux-mêmes la décision d'être prêtre ou non. Cette décision engage tout le reste de leur vie et c'est la raison pour laquelle Gaby insiste sur notre responsabilité de les accompagner afin qu'ils puissent prendre la décision dans laquelle ils seront le plus heureux.

Si vous êtes un jour amené à rencontrer Gaby, vous découvrirez ses expressions favorites et toutes les anecdotes amassées sur Madagascar...s'il s'avère que je ne suis pas toujours d'accord avec lui, j'apprécie cependant toujours une petite discussion en sa compagnie lors d'un trajet en voiture ou autour du repas, cela permet un vrai échange !

dimanche 30 octobre 2011

Enseigner

Enseigner...quel beau métier !
En entamant mes démarches pour partir faire du volontariat, je souhaitais avant tout pouvoir exercer mon métier d'éducateur spécialisé...pour finalement partir en tant qu'enseignant, dans des matières dans lesquelles je ne pensais avoir initialement aucune chose à transmettre.
Après quelques semaines de cours, je réalise que, finalement, enseigner et éduquer ne sont pas des termes si éloignés que cela...en tout cas, pas dans ma conception de l'enseignement, et qu'il m'est possible de pouvoir leur apprendre des choses. Certaines connaissances que nous avons en France et qui nous paraissent très banales sont ici de véritables mines d'or...

Dans ma manière de faire, j'essaye de pouvoir contribuer à ces deux aspects, aussi importants l'un que l'autre à mon sens. Bien entendu, l'enseignement doit avant tout permettre de transmettre un savoir, mais la manière m'importe beaucoup, et je crois que cette coopération me permet d'allier beaucoup plus facilement les deux qu'elle ne me le permettrait en France car j'y ai un peu plus de liberté.

A vrai dire, ici, je n'ai pas de programme...les personnes qui me sollicitent me demandent de donner des cours de « philosophie », de « français », de « sociologie », et de « musique », sans autre consigne et cela me permet de pouvoir organiser mes cours comme je l'entends, pourvu que je leur transmette quelque chose...

Petit rappel (ou résumé) des cours que je donne sur une semaine :
  • 4h30 de Français auprès des jeunes du foyer où je suis. (14 jeunes + 2-3 personnes extérieures qui souhaitent apprendre le français).
  • 3h de philosophie auprès de ces mêmes jeunes. (14 + 1 personnes).
  • 1h de sociologie auprès des étudiants du grand séminaire (35 élèves sur deux niveaux)
  • 1h de travail auprès des étudiants du grand séminaire (22 élèves) pour les aider dans leur préparation d'un exposé à préparer pour mars.
  • 1h alternativement de Français et de guitare auprès des sœurs du Noviciat (15 sœurs).
  • 2h de cours avec deux Brésiliens du coin qui souhaitent apprendre le Français (ils ne parlent pas du tout)
  • 4x1/2h de soutien de Français avec Odon, Jocylin, Njaka et Jean-Marie qui ont plus de difficultés que les autres pour comprendre et parler le Français.
  • 2h de soutien avec Sylvie, Dina et Jean-Emile pour des mathématiques et du Français.

Hormis pour la sociologie où je ne maîtrise pas assez la matière et où l'effectif de ma classe est trop élevé (35 élèves), mes conditions de travail sont telles qu'il m'est permis de suivre indépendamment mes élèves sans nuire au bon fonctionnement du reste du groupe. Cela me donne ainsi la possibilité d'adapter mes cours au niveau moyen de ma classe, tout en m'assurant que les élèves les plus faibles arrivent à suivre le rythme. 

En outre, le fait de vivre quotidiennement avec la plupart d'entre eux, me permet de les connaître un peu mieux humainement et d'axer ainsi mes cours en prenant en compte les difficultés de chacun. Les relations se décantent peu à peu, et je sens qu'une certaine confiance naît entre nous : les sourires des jeunes les plus réservés sont de plus en plus fréquents, plus intéressés tandis que je commence à les connaître un peu mieux humainement et scolairement.
J'aurai probablement l'occasion de vous reparler de Njaka et Odon pendant l'année : ils font partis des élèves à qui je consacre un peu plus de temps, et au bout de trois semaines, je sens déjà que ce travail porte des fruits...c'est encourageant !

Je ne saurais détacher dans tous les cas ce que je suis de mon enseignement. Comme je leur dis concernant la lecture : 
« Si vous ne prenez pas votre temps pour lire et si vous ne pensez pas ce que vous dites quand vous lisez, si vous ne le vivez pas à l’intérieur, alors tout le monde va s'endormir et cela n'aura servi à rien. ».
Alors moi aussi je vis à l’intérieur mes cours, en étant vraiment convaincu de ce que je leur transmets. C'est là qu'intervient le terme « Éduquer », tout proche du terme « Enseigner ». Au delà d'une connaissance à donner, je vis cela comme une vraie transmission, préférant témoigner dans le même temps de ma façon d'aborder l'enseignement et de ce que je suis. Je remanie la salle, fais des petits jeux, du théâtre...bref, des choses qui me correspondent et que je souhaite leur apprendre.

Ces dernières semaines, j'ai pu voir quelques avantages (et inconvénients) qu'il y avait à donner des cours dans une matière que je ne maîtrisais initialement pas.

La première des choses est que pour enseigner, il faut au préalable avoir des connaissances...j'en ai quelques unes, mais il me faut les compléter. Je redécouvre ainsi la langue française, et apprends beaucoup sur la sociologie, la philosophie et la musique...
Mes élèves me poussent sans cesse dans mes retranchements et m'obligent à avoir une vraie réflexion sur la construction du français. La langue française étant bourrée d'exceptions, j'apprends à naviguer entre celles-ci...

  • Bon, alors, voilà, le plus simple pour commencer la conjugaison des verbes, c'est de commencer par les verbes du 1er groupe. Ils finissent tous en -er, et leur conjugaison est toujours la même, quelque soit le temps employé. Donc par exemple, le verbe « aller »
  • Bon, non, pas le verbe « aller », lui il marche pas comme les autres.

Le fait de ne pas connaître immédiatement la réponse aux questions de mes élèves me donne la possibilité de comprendre celles-ci et d'y répondre avec d'autant plus de précision...et c'est clairement un avantage que je n'ai pas en mathématiques ! Fort de mes connaissances en mathématiques, il m'est beaucoup plus difficile d'accéder aux difficultés de l'élève concernant tel ou tel point, dans la mesure où je ne vois pas ça comme un problème.
Mais je dois cependant admettre que l'absence de recul pour la philosophie ou encore la sociologie se fait ressentir parfois pour pouvoir répondre à des questions plus poussées...

Christian m'a fait part récemment du fait que je serai probablement sollicité en mars par un lycée pour donner une conférence sur les choix de vie, auprès des terminales...et ça, j'avoue que cela me plaît...à suivre...
Je conclurai cet article en soulignant le fait que je bénéficie de très bonnes conditions pour pouvoir aborder et vivre l'enseignement de cette manière : 

J'ai la chance d'avoir des élèves globalement intéressés, peu nombreux et très disciplinés que je côtoie au quotidien. De plus, les différentes matières que je tente de transmettre sont "applicables" directement au quotidien et suscitent ainsi plus facilement l'intérêt...
Peut-être que ma vision de l'enseignement ne changerait pas, mais il me serait beaucoup plus difficile de la mettre en pratique concernant des mathématiques en pleine ZEP de Seine-Saint-Denis...


P.S : Ici, on n'a pas changé d'heure, nous avons donc maintenant 2h de décalage avec la France...

mercredi 26 octobre 2011

Christian

Voici le Père Christian. J'en parle de temps en temps dans mes articles, alors je pense qu'il est temps de vous le présenter !

Christian a 35ans, et n'a clairement pas l'allure d'un prêtre tels qu'on pourrait les imaginer avec soutane, col romain, bible sous le bras et chemise dans le pantalon...
A vrai dire, il se promène en tongs, tee-shirt Coca-Cola, la casquette à l'envers et les cheveux attachés, ses homélies durent...trente secondes montre en main et à la sortie de la messe, il se fond très facilement dans la masse par sa petite taille et son look atypique ! Bien malin qui le repérera !
Comme tous les Malgaches, Christian aime bien rire et s'amuser, en particulier en taquinant de temps à autre nos jeunes...à table, c'est lui qui met la bonne ambiance, qui fait rire ceux autour de lui...
Christian est le père responsable du foyer et agit en conséquence pour faire respecter les consignes...et peut donc être parfois assez sec, laissant comprendre aux jeunes que ce qu'il dit n'est pas négociable. Néanmoins, cela ne l'empêche pas d'avoir de très bonnes relations avec eux.
Christian parle et comprend très bien le français, ce qui est ma foi très agréable pour pouvoir échanger quelques mots de temps en temps et tenir une conversation « normale »...Quand nous avons un peu de temps, nous prenons donc un peu de temps, assis sur l'un des bancs du foyer pour parler des jeunes et échanger les progrès que nous avons remarqués en chacun d'eux. J'en profite pour lui poser quelques questions sur les alentours, le paysage et le tourisme, sur les gens que je rencontre, les enfants, les adultes, la culture malgache...bref, sur ce qui fait notre quotidien, sur ce que je découvre ici chaque jour.
Les discussions que j'ai avec lui me rassurent sur la vie que je mène ici, cherchant toujours à être le plus juste dans mes relations (comme à mon habitude me direz-vous), à ne pas commettre de trop grosses erreurs culturelles, à ne pas vexer en essayant toujours de rencontrer les personnes. Vous l'aurez compris, une de mes principales envies est de rencontrer des Malgaches...C'est un de mes défis pour ces deux années.
Alors j'essaye de me donner les moyens, et la meilleure passerelle, ce sont les enfants, qui bien souvent, font le premier pas. Lorsque je me promène dans la rue, j'ai le droit au « salut salut salut ! Tu vas bien ? » que me lancent ces derniers, j'essaye de retenir tous les prénoms des gens que je croise (pas toujours évident). Bref, m'intéresser à chaque personne.
Christian m'a dit que les parents des enfants qui passent au foyer seront très contents que je vienne les visiter, alors d'ici quelques mois, je pense que j'irai les rencontrer, pour mon plus grand plaisir, et j'espère pour le leur également.

samedi 22 octobre 2011

Coupures diverses et variées...

D'électricité tout d'abord...je n'avais jamais réalisé à quel point, nous Européens, sommes dépendants de l'électricité. Quel mode de vie avions-nous il y a encore une centaine d'années lorsque celle-ci faisait à peine son apparition ?
Ici, je (re)découvre la nuit noire, la non-pollution lumineuse, les dîners aux chandelles. La nécessité de devoir vivre autrement et de s'adapter au jour. L'électricité coûte chère, alors on essaye d'y avoir recours le moins possible...mais que pouvons-nous faire réellement sans électricité, en particulier la nuit ?
Impossible de prendre un livre pour lire avant de s'endormir (déjà il faudrait réussir à trouver le livre puis le lit dans le noir, et ça, c'est un sacré défi!). Impossible d'aller sur internet, de regarder la télé ou encore de brancher son ordinateur pour travailler...
Imaginez à présent votre ville s'éteignant complètement...plus de lampadaire pour éclairer les rues, votre viande décongèle peu à peu dans votre congélateur, vous ne pouvez plus accéder à internet, et avec un peu de chance, vous avez juste encore un peu de batterie sur votre ordinateur portable et votre mobile, mais plus pour très longtemps...
Dans ces temps de coupure, j'en profite pour observer le ciel (je vais essayer d'apprendre les constellations du sud), écouter la nature qui reprend le dessus (en particulier les moustiques), me poser en attendant que cela revienne...Rien n'est acquis d'avance et il n'est pas inutile de savoir faire sans...on se sent tellement petit et impuissant dans ces cas-là. Ça nous remet à notre place de petit homme face à l'immensité du monde qui nous entoure.


Si vous souhaitez tenter l'expérience, essayez de vivre sans électricité pendant une soirée complète (sans forcément couper le réfrigérateur, ici, il est adapté en conséquence)...cela signifie repasser aux bougies, couper les ordinateurs et la télé...vous verrez que cela n'est pas si facile, et que cela oblige à se réadapter ! Mais peut-être que cela sera moins facile pour vous...ici, je suis obligé de vivre comme ça, la vie est ainsi faite. Pour vous, il s'agirait de résister à la tentation d'allumer la lumière, et puis, à Mada, la vie est adaptée à ces coupures à répétition...


D'eau
Une des premières nuits après mon arrivée, alors que je commence à m'endormir, je perçois de l'autre coté du mur (au dehors) un écoulement d'eau au sol, des pas et quelques échanges de paroles...

Intérieurement, je pense immédiatement :
- « Oh non purée ! C'est quoi ce pays où les gens pissent n'importe où ! Comme par hasard, juste sous ma fenêtre quoi...c'est un cadeau de bienvenue ou quoi ? ».

Et puis, les minutes passent, l'écoulement est toujours là...
- « Ils sont en train de se relayer ou quoi ? Ils ont bu combien de litres d'eau ? ».

Je reste dans mon lit, n'arrivant toujours pas à trouver le sommeil, soucieux que je suis de savoir ce qu'il se passe derrière mon mur...au bout d'une demie-heure, l'écoulement n'a toujours pas cessé. Il me faut me rendre à l'évidence, ou bien il existe à Madagascar des personnes dotées d'une vessie astronomique (peu probable), ou bien il se trame quelque chose dont je n'ai pas connaissance derrière mon mur à deux mètres de mon lit ( un peu plus probable).
J'ai fini donc par sortir de ma chambre pour voir ce qu'il se passait, pour constater...que les jeunes du foyer étaient en train de remplir d'eau trois ou quatre bidons...
Après quelques explications ultérieures, j'ai appris que l'eau potable n'arrive qu'aux environs de 23h, par un seul robinet...qui se trouve contre ma cloison...
Alors il faut s'organiser. Chacun leur tour, les jeunes prévoient de se réveiller vers 23h dans la nuit pour aller remplir les jerricans et pourvoir ainsi aux besoins de la journée suivante. Et 23h, ici c'est tard quand la nuit tombe à 18h et qu'on est levé à 5h40 le lendemain matin...L'eau pour prendre une douche, se laver les mains, ou encore la vaisselle reste disponible...sauf pendant quelques petites coupures...
Gaby nous a informés qu'il va nous falloir économiser l'eau dans les mois qui suivent jusqu'aux prochaines pluies, qui seront fin décembre. (ça c'est un sacré cadeau d'anniversaire : pouvoir se laver en toute tranquillité!). Bref, d'ici là, les douches vont devenir de plus en plus rares...heureusement que les articles du blog ne vous donneront pas d'informations sur l'évolution de mon odeur...sans tomber dans l'excès, j'apprends ici à être sale, et ma foi, ça n'est pas désagréable de se dire qu'on ne sera pas jugé sur notre apparence physique, dans la mesure où tout le monde est logé à la même enseigne...

D'internet
Quel luxe de pouvoir accéder à internet ! Je réalise de temps en temps la chance dont je bénéficie de pouvoir correspondre avec vous par ce biais, alors que je suis bien loin en distance...il y a quelques dizaines d'années, une coopération était un détachement total de la famille et de l'entourage resté en France. Ici, j'ai cette chance de pouvoir vous raconter, d'être soutenu dans ma démarche, de pouvoir vous parler par skype.
Alors de temps en temps, le bon Dieu se charge de me rappeler qu'il s'agit vraiment d'un luxe, et me coupe l'accès pour que je puisse vivre un peu autrement. Les coupures sont assez variables...elles peuvent aller de 15mn à quelques heures, comme ce fut le cas entre hier soir 22h et aujourd'hui 16h...

mardi 18 octobre 2011


Voici Madagascar. Un pays magnifique, et à la fois plein de paradoxes dans ce que l'on voit.
Une petite séance photo pour vous partager ce que j'ai découvert sur la route qui mène au village de La Saline (appelée ainsi pour ses marais salants). Les photos ne sont pas bien grosses, mais j'espère que vous pourrez tout de même apercevoir ce que je vous décris.



 La photo ci-contre a été prise...en roulant ! Vous reconnaîtrez Gladisse au premier plan...et j'aurai peut-être l'occasion de vous présenter plus tard les deux filles d'une des ouvrières du foyer (quand je les connaîtrai un peu plus, je ne peux même pas vous dire pour l'instant leur prénom...). Vous le constatez, la ceinture n'est pas de rigueur ici. A vrai dire, elle n'est obligatoire que pour le conducteur...peut-être au fond la seule qui est encore en état de marche ! Les enfants sont à l'arrière du pick-up, cheveux au vent, assis sur le rebord du coffre...et on roule comme ceci le temps qu'il faut. Pour ce trajet, il s'agissait de 45 minutes, sur « route » ou chemin de terre...plein de trous.
Dans le cockpit (cette fois ci nous étions à l'arrêt !), Faridja, Daniel à droite, Miora sur les genoux de sa soeur Hasina en arrière plan.











Sur la route, nous passons près de rizières, mes premières depuis mon arrivée. 
Des gens s'y affairent avec leurs zébus. C'est leur quotidien. Comme beaucoup d'autres photos, celle-ci est penchée...prendre la photo en roulant, sans m'afficher devant eux et les prendre pour des bêtes curieuses, c'est pas facile...


Voici les marais salants de La Saline...Quand on s'y approche de plus près, voici ce que donne les cristaux de sel...Et non, je n'ai pas utilisé un microscope pour prendre la photo !
Vous pouvez peut-être éventuellement apercevoir les manguiers qui donnent les fameuses mangues de Diego...si vous avez de bons yeux, on aperçoit les mangues...(petits points oranges dans les arbres), mais j'avoue que la taille de la photo n'aide pas beaucoup...





 Je vous parlais de paradoxes, les voici. De loin on s'imagine mal, et de même, la photo a été prise en roulant et en étant le plus discret possible...mais elle ne représente pas l'odeur et la saleté dans lesquelles vivent ces gens au quotidien. Ce sont des chiffonniers...ils récupèrent les détritus, en brûlent d'autres et vivent dans des cabanes jonchées de détritus.
De même, voyez l'état très précaire des maisons...Gaby m'a dit : "c'est pauvre c'est sûr, mais contrairement aux européens, la maison n'est pas un lieu de vie. Ici on vit en permanence dehors."...
Je regarde les gens s'affairer autour de leur cabane et une première réflexion me vient à l'esprit "J'ai l'impression que ces gens sont pauvres, je me demande comment ils peuvent être heureux là-dedans...j'ai beau dire que l'argent ne fait pas le bonheur, il est quand même important...". 
Une deuxième pensée fait son apparition "Mais c'est un luxe que je peux me payer, moi, Français, de me poser la question Suis-je heureux dans ce que je vis ou non ? Ici on n'a pas le temps d'y penser. On vit, un point c'est tout. Le bonheur et le malheur, ça n'existe pas, ou très peu. Ils connaissent probablement la valeur de la vie et où est l'essentiel."Il me tarde de rencontrer quelques unes de ces personnes.


Je finis cet article sur le sourire de Miora ("Miour") (qui n'est rien à côté du sourire qu'elle affiche dans la réalité, je pense que l'appareil photo la tétanisait un peu...)...Avec ses soeurs Beby (16 ans) et Hasina (15 ans), elle vient nous rendre régulièrement visite, notamment les week-ends et le mercredi après-midi...c'est-à-dire quand il n'y a pas cours !
J'ai été très étonné lorsqu'elle m'a dit qu'elle avait neuf ans...les Malgaches font tellement moins que leur âge ici ! Je lui en aurais donné six ! Ce qui est sûr, c'est que son rire et sa joie sont très communicatifs et qu'elle est très chatouilleuse !