vendredi 30 décembre 2011

Entre stress, émerveillement et fatigue...

La raison pour laquelle mon blog est resté muet pendant deux semaines est que je suis parti passer les fêtes de Noël à Fianarantsoa dans le sud du pays en compagnie d'autres coopérants DCC.

Je vous propose donc dans l'article suivant, de suivre le périple dans lequel je me suis engagé afin d'aller les retrouver...

Vous le constaterez sur la carte, Antsiranana (Diego Suarez) et Fianarantsoa sont des villes relativement éloignées l'une de l'autre et j'ai donc été confronté au fait de devoir choisir mon moyen de transport :

- Première solution : l'avion. Moyen peu économique, mais certes rapide.
-Deuxième solution : le taxi brousse. Moyen peu rapide, mais certes économique.

Lorsque j'ai réalisé qu'il me fallait débourser 800.000 ariary (environ 300 euros ) pour un aller-retour Antsiranana-Antananarivo, c'est-à-dire l'équivalent de trois mois de salaire, j'ai rapidement opté pour le moyen le moins rapide...A défaut de gagner du temps dans les transports, j'en ai au moins gagné dans ma prise de décision !

Objectif donc : couvrir la distance Antsiranana-Antananarivo (1200 km) et Antananarivo-Fianarantsoa (400 km) le plus rapidement possible en roulant sur l'autoroute malgache, c'est-à-dire l'équivalent d'une nationale française très mal entretenue où les pointes de vitesse s'effectuent à 80 km/h, mais où la moyenne est de 50 km/h...Calculez vite, vous aurez un voyage qui s'effectue en 32h...dans la théorie...
Départ donc à 14h de Diego (toujours dans la théorie, le vrai départ lui, s'effectue 1h30 plus tard).

Mais passons un peu à ce qui fait de ce voyage une source d'émerveillement.
Lorsque l'on est bien placé dans le véhicule, c'est-à-dire à la fenêtre derrière le chauffeur, on a le triple avantage de pouvoir à la fois avoir de la place pour ses jambes, de pouvoir contrôler l'arrivée d'air à la fenêtre et d'admirer le paysage.

Et quel paysage...un paysage fait à la fois de vie et de beauté.

Durant les premières 24h (Antsiranana-Antananarivo), le soleil est haut dans le ciel, puis commence à se coucher, disparait complètement, se lève à 5h du matin, et recommence sa course dans le ciel...
Pendant ce temps, à la fenêtre, nous voyons le cycle de la vie se dérouler à Madagascar dans les différents villages que nous traversons...les personnes vendent leurs denrées au marché, au crépuscule, on les aperçoit se laver dans l'eau de la rivière, allumer leur feu à la tombée de la nuit, veiller jusqu'à 22h, et tout Madagascar s'endort jusqu'à 4h du matin...à 4h, il fait encore nuit, mais on remarque déjà les travailleurs pousser leur chariot pour se rendre à la ville vendre leurs sacs. A 5h, ils sont déjà présents devant leur étal à attendre qu'un client se présente ou pieds nus dans les rizières pour y planter le riz...
Les journées se suivent et se ressemblent pour la plupart des Malgaches...elle se résume à devoir gagner sa vie...

On aperçoit successivement le soleil se coucher sur les rizières, et puis se lever de nouveau, éclairant les villages. Sa chaleur s'immisce petit à petit, on passe de la fraicheur de la nuit à la chaleur de midi.

On assiste au passage de plusieurs troupeaux de zébus...certains se livrent combat au beau milieu de la route.
A côté de moi, se trouve un homme qui mâche du kat. Cette plante cultivée à Diego censée avoir les mêmes effets que le café, pour permettre aux travailleurs de rester le plus longtemps actifs...il mâche, mâche et mâche encore pendant trois heures. Sa joue gonfle si bien que je me demande si elle ne va pas finir par me toucher d'ici la fin du voyage.

Et puis, l'émerveillement fait place au stress...je viens de constater que mon téléphone portable n'avait plus de batterie, alors que nous ne sommes pas encore arrivés à Antananarivo...

Alors que le taxi-brousse entre dans Antananarivo, je constate toute la pauvreté de cette grande ville...
Le taxi brousse n'est pas encore totalement arrêté que déjà les rabatteurs de taxi frappe à ma vitre, ils ont repéré un blanc.
"Un taxi monsieur ?", "Vous allez où monsieur ?", "Donne de l'argent monsieur"...dix, quinze, vingt fois, il faut répondre toujours la même chose "non", "ça ne m'intéresse pas"...

Surveiller son sac, ses poches, scruter les alentours pour chercher un point de rendez-vous à donner, repousser encore et toujours les rabatteurs, attendre que ma valise soit détachée du coffre, m'extirper de la foule (si possible)...réaliser une nouvelle fois que mon portable n'a plus de batterie...ouf, il m'en reste suffisamment pour récupérer le numéro qui m'intéresse...

"Monsieur vous parlez français ? S'il vous plait, avez vous un portable orange ? Est il possible d'échanger nos cartes SIM, je dois absolument téléphoner à quelqu'un et je n'ai plus de batterie ? Merci !"...Sauvé...

Et puis, après le coup de fil, l'attente...interminable..."Mon interlocuteur m'a-t-il bien compris ? A-t-il bien compris le lieu de rendez-vous ? Ne va-t-il pas renoncer à me chercher ? Je n'ai plus aucun moyen de communication..."
Et puis la délivrance..."vazaha, quelqu'un te cherche là-bas"...soupir de soulagement...

Retour en mode émerveillement...
Je rencontre donc Roland...et Roland. L'un chauffeur, l'autre frère de celui qui m’emmènera à Fianarantsoa...En attendant de retrouver le véhicule qui me fera parcourir les 400 dernières kilomètres, Roland et Roland me font faire un peu le tour de la ville, me payent une bière, me posent des questions sur ce que je fais à Madagascar, je leur en pose sur leur métier (ils sont guides touristiques), leur famille...
Des rencontres toutes simples...à vrai dire, des amis d'amis d'amis (coopérants) d'amis coopérants...Bref, des rencontres qui font du bien, parce qu'elles rassurent, mettent en confiance, à un moment où j'en avais bien besoin...Ces gens m'ont également bien aidé pour le retour, m'ont fait rencontrer d'autres personnes, m'ont filé un sacré coup de main pour cette aventure. Christian, Roland et Roland pour l'aller, pour le retour Zara et Sarah qui attendent un enfant pour mars...de belles discussions, une belle entraide. Merci.

Je rejoins donc Christian (encore un !) et sa troupe scoute pour la deuxième partie du trajet...j'ai la chance d'avoir quelqu'un à mes côtés qui durant les premiers kilomètres m'explique les paysages malgaches...et puis, comme il est déjà 18h, la nuit tombe rapidement, le sommeil également. On passe en mode fatigue.
Les contrôles de police, gendarmerie et des militaires très nombreux (une trentaine sur tout le voyage) commencent à m'exaspérer...ils m'empêchent de rallier au plus vite ma destination...200 ariary par ci, 200 ariary par là, tous les moyens sont bons pour gagner un peu d'argent à travers la corruption...et puis, il est bien gentil de m'avoir expliqué les paysages malgaches, mais maintenant qu'il dort, mon voisin prend toute la place, et puis, j'ai la jambe toute ankylosée maintenant, j'arrive pas à dormir...encore une pause ? Mais on en a fait une il y a cinq heures !
Allez, plus que 150 km...calculons, il est 22h, on roule à peu près à 70 km/h, avec un peu de chance, on arrive à Fianarantsoa vers minuit, 1h pour compter large..
Bon, rectifions, il est 23h30, encore 100 km, allez, on espère 2h du matin ?


Arrivé à 3h, nouveau calcul...je viens de voyager pendant 36h30...j'ai retrouvé Loïc et Delphine avec joie, nous avons discuté pendant une heure. Couché à 4h, je me suis alors levé à...5h, prêt à attaquer pour une nouvelle journée !

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