En écrivant cet article, croyez le ou non, les mots ne sont pas venus aussi facilement qu’à l’habitude…que de phrases écrites, effacées et réécrites ensuite…mon blog est accessible à tous et il me faut donc être prudent…
Par quoi commencer ? Peut-être vous informer tout d’abord, et c’est bien là l’information principale, que ma mission de coopération au foyer Brottier s’arrêtera à la fin de cette année scolaire…J’ose espérer que la suite de cet article vous éclairera un peu plus sur les circonstances de cette fin prématurée, même si je ne peux pas tellement m’épancher dessus…(Si vous souhaitez davantage de précisions, n'hésitez pas à me contacter)
Pour résumer très rapidement :
Le mois de mars a vu naitre un important conflit au sein de l’équipe de formateurs (entre Gaby, Christian, Lélio et moi-même)…celui-ci s’est étalé sur la totalité du mois dans une ambiance extrêmement malsaine, empêchant toute communication et entrainant malgré eux les jeunes et leur année de formation…
Afin que le foyer puisse retrouver un semblant de fonctionnement d’ici la fin de l’année, la décision a été prise, lors d’une réunion avec les responsables de la congrégation à Madagascar, que le père Gaby quitterait celui-ci le jeudi 12 avril pour rentrer définitivement en France.
Afin que le foyer puisse retrouver un semblant de fonctionnement d’ici la fin de l’année, la décision a été prise, lors d’une réunion avec les responsables de la congrégation à Madagascar, que le père Gaby quitterait celui-ci le jeudi 12 avril pour rentrer définitivement en France.
Gaby étant mon partenaire (c’est-à-dire qu’il fait partie des personnes ayant signé mon contrat de mission), la suite de ma coopération ici était donc fortement remise en question…lors de cette même réunion, les responsables n’ont donc pas souhaité s’engager sur une deuxième année avec moi comme cela était prévu initialement.
Je quitterai en conséquence le foyer en juin et irai vadrouiller à droite à gauche dans Madagascar jusqu’en août…Septembre reste pour l’instant incertain, puisque deux solutions s'offrent à moi :
- Être affecté sur une autre mission sur le sol malgache.
- Rentrer en France.
- Être affecté sur une autre mission sur le sol malgache.
- Rentrer en France.
A l’heure où j’écris ces mots, aucune décision n’a été prise (notamment par la DCC, l'organisme qui m'envoie) : la réflexion est en cours.
Si je me projette déjà sur d’autres projets pour septembre, il me reste néanmoins deux mois à vivre ici…quel sens leur donner ?
Deux mois à vivre ici, après avoir vécu un conflit auquel j’ai pris part et qui a abouti sur la mise à l’écart de mon partenaire, principal soutien. Soutien qui me sortait de mon isolement culturel, me permettait de prendre du recul sur ce que je vivais ici et absorbait une partie des critiques dont nous avons été la cible…
Difficile de continuer une mission de coopération quand la personne qui a sollicité votre présence n’est plus ici et que vos autres interlocuteurs voient votre intervention d’un mauvais œil. Difficile de continuer quand on a l’impression que nos efforts ne sont pas reconnus, que notre façon d’aimer n’est pas appréciée. Difficile quand notre motivation fout le camp parce qu’elle laisse place à d’autres projets…
Pour toutes ces raisons, beaucoup m'ont conseillé de me mettre en retrait pendant ces deux mois, afin de ne pas risquer d'affronter une autre tempête...cette fois-ci tout seul.
Néanmoins, il est aussi difficile de tout abandonner en quelques semaines et de se faire à l’idée qu’il faut renoncer à tout ce qu’on avait envisagé...j’ai la formation et l’éducation dans le sang…alors laisser le reste de l’équipe agir à sa guise et se taire pour ne pas s’attirer les foudres reste compliqué…Difficile de se contenter d’être un professeur de français et de philosophie qui a pour unique but d’apporter des connaissances (surtout quand on connait les miennes dans ces matières…c’est pas ma vocation première, croyez-moi…).
Néanmoins, il est aussi difficile de tout abandonner en quelques semaines et de se faire à l’idée qu’il faut renoncer à tout ce qu’on avait envisagé...j’ai la formation et l’éducation dans le sang…alors laisser le reste de l’équipe agir à sa guise et se taire pour ne pas s’attirer les foudres reste compliqué…Difficile de se contenter d’être un professeur de français et de philosophie qui a pour unique but d’apporter des connaissances (surtout quand on connait les miennes dans ces matières…c’est pas ma vocation première, croyez-moi…).
« Lorsque l’on part en coopération, on a la tête plein de projets, la volonté d’aimer les autres, de changer des choses, de leur montrer une autre façon de vivre, une autre façon de penser… […] Comment aimer de tout son cœur, quand on a l’impression que l’amour que l’on donne n’est pas reconnu ?
Me faire accuser d’être un colon et de ne pas faire les choses avec amour reste difficile à accepter…difficile d’accepter que les autres ne fonctionnent pas de la même manière que moi, difficile d’accepter que ma manière d’aimer ne porte pas ses fruits, difficile de ne pas se sentir compris. Alors comment faire ? Comment aimer encore et toujours, même lorsque cela ne plait pas à tout le monde… ? Comment ne pas avoir envie de tout laisser tomber, d’abandonner et de se laisser entrainer par le courant ? Comment donner encore un sens à cette coopération, se dire qu’elle apporte quelque chose quand on a l’impression du contraire… » (Petit extrait de mes notes, écrites un soir où l'ambiance était tendue).
Du sens, à l’heure actuelle, j’en trouve encore…même si elle ne concerne plus ma mission initiale…la présence face aux enfants, tout heureux de me retrouver, de faire des activités avec moi. L’attention particulière que je donne aux uns et aux autres qui semblent ne pas passer inaperçue parmi les personnes que je côtoie (cuisinières, femmes de ménage, élèves que j’ai en soutien…).
Je réalise au fur et à mesure des jours qui passent que je quitte toutes ces personnes dans quelques semaines. Des personnes auprès desquelles je me suis investi et qui me paraissent tout à coup plus proches que je ne le pensais…Des personnes qu’un simple sourire, geste ou une simple discussion semblent avoir touché l’espace de quelques instants.
Et puis au-delà de toutes ces personnes qui entourent le foyer, montrer aux jeunes qu’il est possible de continuer à aimer, de continuer ce qu’on est venu faire, sans se laisser aller à des vengeances et des rancœurs inutiles, même après tout cela…Exemple que l'on peut penser vain...cela les touchera-t-il un jour ? Il est des jours où l'on se dit que l'espoir est mince, mais s'il existe, alors autant le tenter !
On aimerait toujours avoir un peu de retour sur nos actions…mais n’est-ce pas ça, aimer et donner gratuitement ?
Ah ben mince alors! Moi qui avais l'impression, en te lisant les autres fois, que ca allait super bien. Je tombe de ma chaise. J'espère que la DCC va vite te trouver qqch d'autre et que le soleil reviendra bientôt dans ta situation!
RépondreSupprimerAurélie, la belge qui est restée à quai ;-)
Tu gagnerais mieux de discuter les choses personnels avec les personnes avec qui tu as vécu dans la fraternité et le partage et non pas te laisser trop guider par tes émotions! Prendre du recul devant les choses vécus peut faire du bien! De fait les autres n'est pas nécessairement l'enfer!Dans la vie il faut savoir accepter les chocs culturels et le dépasser! Dépasser ses habitudes, préjugés, perception et rencontrer l'autre parce qu'il est autre! Sinon Bon courage pour la suite!
RépondreSupprimerMerci pour votre message, mais qui êtes-vous ?
SupprimerIl est toujours difficile de faire ressortir en l'espace de quelques articles des mois entiers de coopération...celui-ci parle d'un moment un peu plus compliqué à gérer que les autres...Mais éprouver des difficultés et se poser des questions ne signifie pas nécessairement tout remettre en cause ! Bien évidemment, les autres sont une source intarissable de richesse, tout comme les différences culturelles (mes autres articles sont là pour en témoigner...) et je ne me serais jamais lancé dans cette aventure si j'étais persuadé du contraire !
Contactez-moi, un échange sur le sujet serait très enrichissant ! Au plaisir !
Je suis Jean Rex de Lyon. Quand est-ce que tu retournes en France? Si tu es dans les parages on pourra discuter. J'ai envie de faire cette expérience de coopérant quoique cela parait un peu difficile selon tes dires. Quelles sont les démarches que je dois faire s'il te plait?
RépondreSupprimerBonjour Jean,
SupprimerJ'atterris en France fin août et je serais ravi de pouvoir échanger avec toi sur le sujet...même si l'article en question n'est pas le plus positif et que ma coopération est écourtée, il n'en reste pas moins que c'est une expérience formidable ! On en ressort grandi !
Pour les démarches à faire, tout dépend de tes projets, motivations, du cadre dans lequel tu veux partir : il existe différents organismes qui envoient des coopérants (pour ma part, c'est la DCC) avec des formations plus ou moins complètes ! Contacte moi sur mon adresse mail (a.geroudet@gmail.com), je t'en dirai davantage. (cela vaut également pour tous ceux qui lisent ce commentaire et qui se posent des questions sur la coopération). Tu peux aussi lire mes articles de la rubrique DCC pour en savoir un peu plus.
A très bientôt.