Ici, la vie est parfois comme certains œufs...elle peut être dure ! Quelques élèves, dans leurs dissertations, utilisent également cette expression : la vie de l'homme est comme la roue de la charrette : des fois en haut et des fois en bas...
Si la coopération est une expérience formidable, ça n'est pas seulement parce qu'on y découvre des bonnes choses, mais aussi parce qu'on se confronte à ses propres limites...Croyez-le ou non, même si mes articles essayent de témoigner globalement du bon déroulement de cette expérience, il n'en demeure pas moins que cela n'est pas facile tous les jours !
La première chose est évidemment l'éloignement de la France, de ma culture, de mes proches...je ne compte plus le nombre de photos, vidéos que je regarde sur mon ordinateur en boucle vous concernant, mes rêves de projet pour le retour, la déception de ne pas vous voir grandir pendant ces deux ans, de ne pouvoir être à vos côtés dans vos projets...la France me manque, pouvoir évoluer dans un évènement qui m'est familier, sans essayer de me torturer l'esprit à comprendre les modes de fonctionnement des personnes autour de moi...il s'agit d'un véritable bol d'air lorsque je peux rencontrer quelques Français et discuter avec eux ! La cuisine, le froid de l'hiver, les jeux de société, les jeux de mots débiles, les soirées entre amis, les fous rires avec les uns et les autres, les mariages des uns, les naissances pour d'autres...
Et puis, il y a les limites que je me découvre sur place...ceux qui me connaissent un peu me décriront peut-être comme accueillant, à l'écoute des uns et des autres, tolérant...je pensais l'être dans n'importe quel environnement : erreur...
La vie en communauté a beaucoup d'avantages (pas besoin de préparer les repas, sécurité du logement, le fait d'être entouré, accès à un certain confort que je n'aurais pas seul en appartement (internet, véhicule...)), mais elle a ses limites pour moi qui ne me destine pas à y passer ma vie.
Impossibilité de me concocter mes propres repas, à l'heure que je souhaite, de me déconnecter un peu du foyer après une journée de cours, d'inviter quelques personnes le temps d'une soirée...
Je découvre l'importance d'avoir un petit espace privé, face à la circulation quotidienne des personnes au foyer...les visites d'un repas, d'un jour ou d'une semaine sont nombreuses ici, et exigent de changer très régulièrement mes repères...de s'adapter au quotidien, de faire et refaire encore et toujours les mêmes conversations et d'accepter les remarques que se permettent les uns et les autres sur le déroulement du foyer. Et puis, pour moi qui ne suis pas un adepte des conversations de surface "bonjour, comment t'appelles-tu, d'où viens-tu, que fais-tu ?", cela devient extrêmement difficile face à des personnes avec qui j'ai au final peu de points communs...
Seule ma chambre donnant sur l'extérieur me permet d'avoir ce "petit" espace d'intimité dont j'ai besoin..."petit" car il ne m'empêche pas d'être exaspéré par la musique que les jeunes écoutent au maximum du son ou d'être envahi par les quelques enfants de passage qui veulent absolument voir ce que je fais sur mon ordinateur...exaspération que je retrouve dans d'autres aspects très simples de la vie quotidienne : je vois ainsi toujours d'un mauvais œil quand quelqu'un se sert du litre de lait qui m'est habituellement destiné pour le petit déjeuner...ou quand quelqu'un vient troubler mon petit moment de zapping devant la télévision...
Et oui...pas évident de partager le peu de choses à soi que l'on a...
Et pourtant...et pourtant...j'essaye ! J'essaye de prendre sur moi, de faire l'effort supplémentaire, de repousser cette limite de l'accueil, d'aimer ceux qu'il y a autour de moi. Mais face à un environnement essentiellement différent de celui que je côtoie en France, la difficulté n'en est que plus forte ! Vivre ma foi ici devient plus compliqué, car il me faut faire avec de nouveaux paramètres, des paramètres que je n'avais jamais envisagés auparavant. Aimer des personnes qui conçoivent la vie d'une manière totalement différente de la mienne en ayant des comportements qui me heurtent...pas évident...
Quant à la solitude, elle reste très présente ici, malgré le fait d'être entouré de nombreuses personnes...les Français de mon âge sont rares dans le coin, quant aux Malgaches qui ont mon âge...ce sont mes élèves ! Vous comprendrez donc la difficulté qu'est la mienne de pouvoir nouer de véritables relations d'amitiés avec ceux-ci...Pouvoir échanger sur les difficultés qui sont les miennes ici reste au final assez compliqué !
Difficulté, complication, exaspération, frustration...c'est tout simplement la vie ! La votre en France en est également faite, bien que ces difficultés soient surement différentes...Ne vous apitoyez donc pas trop sur cet article...si sur le moment ces difficultés ne sont pas évidentes à vivre, il n'en reste pas moins qu'avec quelques jours de recul en plus, je considère celles-ci comme une véritable chance...comment pourrai-je être éducateur spécialisé auprès des personnes qui ne connaissent que des difficultés si je n'en ai pas vécu moi-même ? Cette coopération est une expérience humaine qui m'apprend chaque jour sur moi-même et je me découvre très régulièrement des aspects de ma personnalité, bons ou mauvais, que je ne soupçonnais pas auparavant...et ça n'est pas fini !
COURAGE Augustin, j'arrive ! Des vacances cet été avec des gens biens et hop ça ira mieux ! J'ai hâte de te retrouver pour partager tout ça avec toi , même à l'autre bout de Madagascar ! ;-)
RépondreSupprimerJe sais pas si j'ai bien fait de lire ton article après avoir dit oui ! Trop tard ! lol
A très vite! Grosses bises !
Promis : pour ton retour on te prépare un times up autour d'une tartiflette après une petite balade de 20 minutes ! Ca te dit ;) ! Courage ! Bisous ! Nos pensées t'accompagnent sans relâche !
RépondreSupprimerTu sais que je suis de tout coeur avec toi !! j'ai une amie qui me dit souvent "accepte et transforme en joie" !!! Bon courage et t'es toujours le bienvenu à Tana si vraiment t'en peux plus ! Bises
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