Croyez le ou non, à Madagascar, les gens aiment rire ! Comme partout ailleurs me direz-vous. Certes certes...mais ici, on rit en permanence, de tout et n'importe quoi ! Le sourire s'affiche toujours en permanence, y compris lorsque cela ne va pas vraiment...
En arrivant en septembre, je trouvais cet aspect absolument formidable ! Tout le monde paraissait continuellement heureux, tout sourire, à chercher la moindre opportunité de s'esclaffer...J'avais l'impression d'être drôle ! Que nenni, que nenni...Progressivement, j'ai confirmé cette impression d'être drôle...le souci étant que je n'avais pas toujours envie de l'être !
Mes élèves n'ont pas fait leur devoir, je le leur reproche en montrant mon agacement, ils rient...imaginez donc mon désarroi...
Mais détrompez-vous, il ne s'agit pas d'insolence. J'ai compris au fur et à mesure de ces parties de rire, que le but n'était pas de se moquer mais simplement de passer un bon moment. On ne rit pas spécialement de la personne, mais plutôt de la situation...
Mes élèves ont fini par comprendre progressivement mon besoin parfois d'être un peu sérieux, tandis que de mon côté, je pense avoir compris que leur rire n'était pas nécessairement dirigé contre moi. Quand on est susceptible comme je le suis (à vous d'estimer quel est mon niveau de susceptibilité !), cela aide à moins se prendre au sérieux et à rire de soi-même !
C'est ainsi que depuis, j'ai pu rire avec eux de mes tics de langage, de mes erreurs de professeur de français. Rire avec eux lorsque pour la première fois, j'ai osé jouer torse nu au basket en leur compagnie...
Voici le récit de deux des dernières blagues qui ont fait rire l'ensemble du foyer...
La semaine dernière, Brilland a réussi à faire croire à tous les autres étudiants que Christian (le Père responsable du foyer) avait imposé à l'ensemble du foyer de se mettre en rouge...résultat, lors de la prière du soir, nous avons vu certains d'entre eux arriver en pull malgré la chaleur, ou en chasuble (les maillots utilisés pour les matchs de foot) parce qu'ils n'avaient pas d'autres vêtements rouges...Brilland avait si bien mené son affaire, notamment en déléguant les uns et les autres pour communiquer la nouvelle, qu'il a été dur de remonter jusqu'à lui !
Lors d'un cours de français, j'ai souhaité apprendre à mes élèves l'expression "être dos au mur". Pour appuyer mes dires, j'ai voulu l'expliquer par le concret et j'ai donc demandé à l'élève le plus proche de moi, Brilland (encore lui !) de se lever. Je lui ai demandé de se mettre face à moi, de manière à ce que en m'avançant vers lui, je le fasse reculer. Arrivé contre le mur, je me suis retourné vers mes autres élèves, fier de ma petite expérience, pour annoncer "vous voyez, maintenant, Brilland est dos au mur, il ne peut plus rien faire d'autre que de m'affronter : il ne peut plus reculer !". Seulement, Brilland avait décidé de me pourrir mon explication, et pour montrer à tous que mon explication ne tenait pas debout, il s'est mis à longer le mur pour prouver qu'il pouvait m'échapper, provocant de cette manière l'hilarité générale...
Y'a d'la joie...
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