samedi 15 octobre 2011

Landry

Voici Landry...

Landry est un des jeunes du foyer. Il a 21 ans et parle très bien français et anglais (enfin, pour l'anglais, j'ai pas pu vérifier...il a juste un meilleur niveau que moi...pas dur...). En conséquence, il a été nommé ministre des affaires étrangères du foyer ! Il est donc chargé d'accueillir toutes les personnes extérieures au foyer qui viennent séjourner quelques jours avec nous.

Ajouté à cela, Landry est très attentif aux autres. Lors de mon arrivée, j'ai notamment été touché par sa manière de m'accueillir, essayant d'engager la conversation, de me présenter aux uns et aux autres et de rester régulièrement à mes côtés pour que je ne me sente pas trop perdu au milieu d'inconnus. Comme la plupart des malgaches, Landry est très souriant, et c'est un réel plaisir d'être en sa compagnie.
(Fabrice et Landry pendant le triage de riz)
Si vous passez un jour au foyer Brottier, c'est sans aucun doute à lui que vous aurez affaire lors de votre arrivée, et cela ne peut que vous promettre un bon séjour à Madagascar !


Jeudi soir après le repas, j'ai donc profité de la présence de Landry dans la cour pour engager la conversation avec lui, et ce fut ma foi une discussion très enrichissante !
Ce fut l'occasion de parler de sa présence ici au foyer, de sa famille, son père aurait préféré qu'il soit médecin, mais lui avait déjà choisi d'être prêtre...
Fidèle à son caractère d'écoute, Landry s'est soucié de savoir si mon acclimatation à Madagascar se passait bien, de savoir ce qui était le plus difficile jusqu'à présent. Nous avons bien sûr parlé de ma "vocation" que tout le monde connait pour être professeur de philosophie (!), du bac malgache et français, et nous avons dérivé sur les différences franco-malgaches, le fait d'être un blanc ici...
Voici un extrait de notre discussion  :


  • (Moi, Augustin) Et oui, je découvre un peu ce que c'est de faire partie d'une minorité ! L'autre jour, avec Christian on va à la messe, je sors de la voiture, je me retourne vers le perron de l'église, et je me suis rendu compte que tous les gens (c'est-à-dire une cinquantaine de personnes) avaient les yeux fixés sur moi ! Je ne pouvais rien faire qui soit scruté et analysé par toutes les personnes ! En plus, ça va être comme ça pendant deux ans, ils vont pas s'habituer les gens ! C'est terriblement stressant ! 
  • (Landry) Ah oui ? Et bien peut-être alors que ça va être à toi de t'habituer...
  • ... 
  • ...
  • Pas faux...

...Pas faux, ça sera peut-être plus simple pour moi...

Lorsque nous avons abordé ensemble la différence de niveau de vie entre Madagascar et l'Occident, Landry m'a montré qu'il était de ceux qui pensent que l'argent ne fait pas le bonheur.
"Tu sais, il y a des Européens et des Américains qui viennent ici et qui disent que Madagascar est un pays pauvre, mais moi je sais qu'il y a plein de familles qui sont heureuses ici même avec peu d'argent".
Et c'est tellement criant de vérité...

Une des premières réflexions que j'ai eu en arrivant est celle-ci...
"C'est bizarre, ma douche est froide et dégoûtante, il y a des lézards, des moustiques et de la poussière plein ma chambre, on mange du riz tous les jours, il n'y a pas de plaques à induction, de brumisateur et de stores électriques, mais pourtant, personne ne se plaint et personne ne semble en souffrir...".

Ma formation d'éducateur spécialisé m'avait déjà amené à réfléchir sur ce thème et avait fini de me convaincre que le bonheur passe d'abord dans les relations avec nos semblables, c'est la plus grande richesse à mon sens. C'est la base. L'argent et le confort matériel n'arrivent qu'après et tant qu'ils sont au service de l'Homme, et non pas l'inverse.

Ici, chacun semble se satisfaire de ce qu'il a, même quand il a peu. Bien entendu, tout n'est pas rose, et vous le savez aussi bien que moi, mais c'est quand même la joie qui ressort principalement de ce que j'ai pu remarquer depuis un mois...

A vous qui lisez cet article, voici une petite question philosophique...
Savons-nous nous satisfaire de ce que nous avons ?

C'est plutôt facile pour moi de me poser la question dans la mesure où l'entourage que j'ai actuellement me pousse à me satisfaire de ce que j'ai, mais je pense que cela vaut le coup que nous nous posions chacun la question...

J'attends vos réponses...et si elles me parlent vraiment beaucoup, j'en publierai quelques unes !

Même si un décalage subsiste dans notre relation du fait d'un statut prof/élève et d'une différence culturelle encore présente, c'est la première fois depuis mon arrivée à Madagascar que j'ai l'occasion de parler pendant une petite demie heure avec un Malgache. Et ça fait du bien.
Car j'aurai beau dire, si la coopération est une chose magnifique parce qu'elle permet un échange de savoirs, il n'en demeure pas moins qu'il me tarde de rencontrer vraiment les gens dans ce qu'ils vivent...Landry m'y aidera probablement.

1 commentaire:

  1. Il est super cet article Augustin ! Merci à toi de nous faire partager quelques brides de ta conversation et de nous permettre de voir " un peu plus loin que le bout de notre nez " !
    Grande question que celle que tu nous a posée ! Je vais y réfléchir cette semaine, un peu comme un fil rouge pour ma semaine !
    La lettre est en cours d'écriture , elle ne va pas tarder à partir !
    Je t'embrasse !

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