D'électricité tout d'abord...je n'avais jamais réalisé à quel point, nous Européens, sommes dépendants de l'électricité. Quel mode de vie avions-nous il y a encore une centaine d'années lorsque celle-ci faisait à peine son apparition ?
Ici, je (re)découvre la nuit noire, la non-pollution lumineuse, les dîners aux chandelles. La nécessité de devoir vivre autrement et de s'adapter au jour. L'électricité coûte chère, alors on essaye d'y avoir recours le moins possible...mais que pouvons-nous faire réellement sans électricité, en particulier la nuit ?
Impossible de prendre un livre pour lire avant de s'endormir (déjà il faudrait réussir à trouver le livre puis le lit dans le noir, et ça, c'est un sacré défi!). Impossible d'aller sur internet, de regarder la télé ou encore de brancher son ordinateur pour travailler...
Imaginez à présent votre ville s'éteignant complètement...plus de lampadaire pour éclairer les rues, votre viande décongèle peu à peu dans votre congélateur, vous ne pouvez plus accéder à internet, et avec un peu de chance, vous avez juste encore un peu de batterie sur votre ordinateur portable et votre mobile, mais plus pour très longtemps...
Dans ces temps de coupure, j'en profite pour observer le ciel (je vais essayer d'apprendre les constellations du sud), écouter la nature qui reprend le dessus (en particulier les moustiques), me poser en attendant que cela revienne...Rien n'est acquis d'avance et il n'est pas inutile de savoir faire sans...on se sent tellement petit et impuissant dans ces cas-là. Ça nous remet à notre place de petit homme face à l'immensité du monde qui nous entoure.
Si vous souhaitez tenter l'expérience, essayez de vivre sans électricité pendant une soirée complète (sans forcément couper le réfrigérateur, ici, il est adapté en conséquence)...cela signifie repasser aux bougies, couper les ordinateurs et la télé...vous verrez que cela n'est pas si facile, et que cela oblige à se réadapter ! Mais peut-être que cela sera moins facile pour vous...ici, je suis obligé de vivre comme ça, la vie est ainsi faite. Pour vous, il s'agirait de résister à la tentation d'allumer la lumière, et puis, à Mada, la vie est adaptée à ces coupures à répétition...
D'eau
Une des premières nuits après mon arrivée, alors que je commence à m'endormir, je perçois de l'autre coté du mur (au dehors) un écoulement d'eau au sol, des pas et quelques échanges de paroles...
Intérieurement, je pense immédiatement :
- « Oh non purée ! C'est quoi ce pays où les gens pissent n'importe où ! Comme par hasard, juste sous ma fenêtre quoi...c'est un cadeau de bienvenue ou quoi ? ».
Et puis, les minutes passent, l'écoulement est toujours là...
- « Ils sont en train de se relayer ou quoi ? Ils ont bu combien de litres d'eau ? ».
Je reste dans mon lit, n'arrivant toujours pas à trouver le sommeil, soucieux que je suis de savoir ce qu'il se passe derrière mon mur...au bout d'une demie-heure, l'écoulement n'a toujours pas cessé. Il me faut me rendre à l'évidence, ou bien il existe à Madagascar des personnes dotées d'une vessie astronomique (peu probable), ou bien il se trame quelque chose dont je n'ai pas connaissance derrière mon mur à deux mètres de mon lit ( un peu plus probable).
J'ai fini donc par sortir de ma chambre pour voir ce qu'il se passait, pour constater...que les jeunes du foyer étaient en train de remplir d'eau trois ou quatre bidons...
Après quelques explications ultérieures, j'ai appris que l'eau potable n'arrive qu'aux environs de 23h, par un seul robinet...qui se trouve contre ma cloison...
Alors il faut s'organiser. Chacun leur tour, les jeunes prévoient de se réveiller vers 23h dans la nuit pour aller remplir les jerricans et pourvoir ainsi aux besoins de la journée suivante. Et 23h, ici c'est tard quand la nuit tombe à 18h et qu'on est levé à 5h40 le lendemain matin...L'eau pour prendre une douche, se laver les mains, ou encore la vaisselle reste disponible...sauf pendant quelques petites coupures...
Gaby nous a informés qu'il va nous falloir économiser l'eau dans les mois qui suivent jusqu'aux prochaines pluies, qui seront fin décembre. (ça c'est un sacré cadeau d'anniversaire : pouvoir se laver en toute tranquillité!). Bref, d'ici là, les douches vont devenir de plus en plus rares...heureusement que les articles du blog ne vous donneront pas d'informations sur l'évolution de mon odeur...sans tomber dans l'excès, j'apprends ici à être sale, et ma foi, ça n'est pas désagréable de se dire qu'on ne sera pas jugé sur notre apparence physique, dans la mesure où tout le monde est logé à la même enseigne...
D'internet
Quel luxe de pouvoir accéder à internet ! Je réalise de temps en temps la chance dont je bénéficie de pouvoir correspondre avec vous par ce biais, alors que je suis bien loin en distance...il y a quelques dizaines d'années, une coopération était un détachement total de la famille et de l'entourage resté en France. Ici, j'ai cette chance de pouvoir vous raconter, d'être soutenu dans ma démarche, de pouvoir vous parler par skype.
Alors de temps en temps, le bon Dieu se charge de me rappeler qu'il s'agit vraiment d'un luxe, et me coupe l'accès pour que je puisse vivre un peu autrement. Les coupures sont assez variables...elles peuvent aller de 15mn à quelques heures, comme ce fut le cas entre hier soir 22h et aujourd'hui 16h...
Vieux pirate, ça change de chanter Petite Patate dans un foyer du 16è !
RépondreSupprimerQue de bons souvenirs me reviennent en te lisant: le congélateur qui marchait sur groupe électrogène pendant 6 heures par jours, les lettres à la lampe à pétrole... Et surtout une vie sans téléphone portable (sans téléphone tout court souvent d'ailleurs) !
Merci de nous faire partager tes aventures. SI tu passes par Antsirabe, fais un bonjour aux frères du CH'neuf.
Stéphane