dimanche 30 octobre 2011

Enseigner

Enseigner...quel beau métier !
En entamant mes démarches pour partir faire du volontariat, je souhaitais avant tout pouvoir exercer mon métier d'éducateur spécialisé...pour finalement partir en tant qu'enseignant, dans des matières dans lesquelles je ne pensais avoir initialement aucune chose à transmettre.
Après quelques semaines de cours, je réalise que, finalement, enseigner et éduquer ne sont pas des termes si éloignés que cela...en tout cas, pas dans ma conception de l'enseignement, et qu'il m'est possible de pouvoir leur apprendre des choses. Certaines connaissances que nous avons en France et qui nous paraissent très banales sont ici de véritables mines d'or...

Dans ma manière de faire, j'essaye de pouvoir contribuer à ces deux aspects, aussi importants l'un que l'autre à mon sens. Bien entendu, l'enseignement doit avant tout permettre de transmettre un savoir, mais la manière m'importe beaucoup, et je crois que cette coopération me permet d'allier beaucoup plus facilement les deux qu'elle ne me le permettrait en France car j'y ai un peu plus de liberté.

A vrai dire, ici, je n'ai pas de programme...les personnes qui me sollicitent me demandent de donner des cours de « philosophie », de « français », de « sociologie », et de « musique », sans autre consigne et cela me permet de pouvoir organiser mes cours comme je l'entends, pourvu que je leur transmette quelque chose...

Petit rappel (ou résumé) des cours que je donne sur une semaine :
  • 4h30 de Français auprès des jeunes du foyer où je suis. (14 jeunes + 2-3 personnes extérieures qui souhaitent apprendre le français).
  • 3h de philosophie auprès de ces mêmes jeunes. (14 + 1 personnes).
  • 1h de sociologie auprès des étudiants du grand séminaire (35 élèves sur deux niveaux)
  • 1h de travail auprès des étudiants du grand séminaire (22 élèves) pour les aider dans leur préparation d'un exposé à préparer pour mars.
  • 1h alternativement de Français et de guitare auprès des sœurs du Noviciat (15 sœurs).
  • 2h de cours avec deux Brésiliens du coin qui souhaitent apprendre le Français (ils ne parlent pas du tout)
  • 4x1/2h de soutien de Français avec Odon, Jocylin, Njaka et Jean-Marie qui ont plus de difficultés que les autres pour comprendre et parler le Français.
  • 2h de soutien avec Sylvie, Dina et Jean-Emile pour des mathématiques et du Français.

Hormis pour la sociologie où je ne maîtrise pas assez la matière et où l'effectif de ma classe est trop élevé (35 élèves), mes conditions de travail sont telles qu'il m'est permis de suivre indépendamment mes élèves sans nuire au bon fonctionnement du reste du groupe. Cela me donne ainsi la possibilité d'adapter mes cours au niveau moyen de ma classe, tout en m'assurant que les élèves les plus faibles arrivent à suivre le rythme. 

En outre, le fait de vivre quotidiennement avec la plupart d'entre eux, me permet de les connaître un peu mieux humainement et d'axer ainsi mes cours en prenant en compte les difficultés de chacun. Les relations se décantent peu à peu, et je sens qu'une certaine confiance naît entre nous : les sourires des jeunes les plus réservés sont de plus en plus fréquents, plus intéressés tandis que je commence à les connaître un peu mieux humainement et scolairement.
J'aurai probablement l'occasion de vous reparler de Njaka et Odon pendant l'année : ils font partis des élèves à qui je consacre un peu plus de temps, et au bout de trois semaines, je sens déjà que ce travail porte des fruits...c'est encourageant !

Je ne saurais détacher dans tous les cas ce que je suis de mon enseignement. Comme je leur dis concernant la lecture : 
« Si vous ne prenez pas votre temps pour lire et si vous ne pensez pas ce que vous dites quand vous lisez, si vous ne le vivez pas à l’intérieur, alors tout le monde va s'endormir et cela n'aura servi à rien. ».
Alors moi aussi je vis à l’intérieur mes cours, en étant vraiment convaincu de ce que je leur transmets. C'est là qu'intervient le terme « Éduquer », tout proche du terme « Enseigner ». Au delà d'une connaissance à donner, je vis cela comme une vraie transmission, préférant témoigner dans le même temps de ma façon d'aborder l'enseignement et de ce que je suis. Je remanie la salle, fais des petits jeux, du théâtre...bref, des choses qui me correspondent et que je souhaite leur apprendre.

Ces dernières semaines, j'ai pu voir quelques avantages (et inconvénients) qu'il y avait à donner des cours dans une matière que je ne maîtrisais initialement pas.

La première des choses est que pour enseigner, il faut au préalable avoir des connaissances...j'en ai quelques unes, mais il me faut les compléter. Je redécouvre ainsi la langue française, et apprends beaucoup sur la sociologie, la philosophie et la musique...
Mes élèves me poussent sans cesse dans mes retranchements et m'obligent à avoir une vraie réflexion sur la construction du français. La langue française étant bourrée d'exceptions, j'apprends à naviguer entre celles-ci...

  • Bon, alors, voilà, le plus simple pour commencer la conjugaison des verbes, c'est de commencer par les verbes du 1er groupe. Ils finissent tous en -er, et leur conjugaison est toujours la même, quelque soit le temps employé. Donc par exemple, le verbe « aller »
  • Bon, non, pas le verbe « aller », lui il marche pas comme les autres.

Le fait de ne pas connaître immédiatement la réponse aux questions de mes élèves me donne la possibilité de comprendre celles-ci et d'y répondre avec d'autant plus de précision...et c'est clairement un avantage que je n'ai pas en mathématiques ! Fort de mes connaissances en mathématiques, il m'est beaucoup plus difficile d'accéder aux difficultés de l'élève concernant tel ou tel point, dans la mesure où je ne vois pas ça comme un problème.
Mais je dois cependant admettre que l'absence de recul pour la philosophie ou encore la sociologie se fait ressentir parfois pour pouvoir répondre à des questions plus poussées...

Christian m'a fait part récemment du fait que je serai probablement sollicité en mars par un lycée pour donner une conférence sur les choix de vie, auprès des terminales...et ça, j'avoue que cela me plaît...à suivre...
Je conclurai cet article en soulignant le fait que je bénéficie de très bonnes conditions pour pouvoir aborder et vivre l'enseignement de cette manière : 

J'ai la chance d'avoir des élèves globalement intéressés, peu nombreux et très disciplinés que je côtoie au quotidien. De plus, les différentes matières que je tente de transmettre sont "applicables" directement au quotidien et suscitent ainsi plus facilement l'intérêt...
Peut-être que ma vision de l'enseignement ne changerait pas, mais il me serait beaucoup plus difficile de la mettre en pratique concernant des mathématiques en pleine ZEP de Seine-Saint-Denis...


P.S : Ici, on n'a pas changé d'heure, nous avons donc maintenant 2h de décalage avec la France...

mercredi 26 octobre 2011

Christian

Voici le Père Christian. J'en parle de temps en temps dans mes articles, alors je pense qu'il est temps de vous le présenter !

Christian a 35ans, et n'a clairement pas l'allure d'un prêtre tels qu'on pourrait les imaginer avec soutane, col romain, bible sous le bras et chemise dans le pantalon...
A vrai dire, il se promène en tongs, tee-shirt Coca-Cola, la casquette à l'envers et les cheveux attachés, ses homélies durent...trente secondes montre en main et à la sortie de la messe, il se fond très facilement dans la masse par sa petite taille et son look atypique ! Bien malin qui le repérera !
Comme tous les Malgaches, Christian aime bien rire et s'amuser, en particulier en taquinant de temps à autre nos jeunes...à table, c'est lui qui met la bonne ambiance, qui fait rire ceux autour de lui...
Christian est le père responsable du foyer et agit en conséquence pour faire respecter les consignes...et peut donc être parfois assez sec, laissant comprendre aux jeunes que ce qu'il dit n'est pas négociable. Néanmoins, cela ne l'empêche pas d'avoir de très bonnes relations avec eux.
Christian parle et comprend très bien le français, ce qui est ma foi très agréable pour pouvoir échanger quelques mots de temps en temps et tenir une conversation « normale »...Quand nous avons un peu de temps, nous prenons donc un peu de temps, assis sur l'un des bancs du foyer pour parler des jeunes et échanger les progrès que nous avons remarqués en chacun d'eux. J'en profite pour lui poser quelques questions sur les alentours, le paysage et le tourisme, sur les gens que je rencontre, les enfants, les adultes, la culture malgache...bref, sur ce qui fait notre quotidien, sur ce que je découvre ici chaque jour.
Les discussions que j'ai avec lui me rassurent sur la vie que je mène ici, cherchant toujours à être le plus juste dans mes relations (comme à mon habitude me direz-vous), à ne pas commettre de trop grosses erreurs culturelles, à ne pas vexer en essayant toujours de rencontrer les personnes. Vous l'aurez compris, une de mes principales envies est de rencontrer des Malgaches...C'est un de mes défis pour ces deux années.
Alors j'essaye de me donner les moyens, et la meilleure passerelle, ce sont les enfants, qui bien souvent, font le premier pas. Lorsque je me promène dans la rue, j'ai le droit au « salut salut salut ! Tu vas bien ? » que me lancent ces derniers, j'essaye de retenir tous les prénoms des gens que je croise (pas toujours évident). Bref, m'intéresser à chaque personne.
Christian m'a dit que les parents des enfants qui passent au foyer seront très contents que je vienne les visiter, alors d'ici quelques mois, je pense que j'irai les rencontrer, pour mon plus grand plaisir, et j'espère pour le leur également.

samedi 22 octobre 2011

Coupures diverses et variées...

D'électricité tout d'abord...je n'avais jamais réalisé à quel point, nous Européens, sommes dépendants de l'électricité. Quel mode de vie avions-nous il y a encore une centaine d'années lorsque celle-ci faisait à peine son apparition ?
Ici, je (re)découvre la nuit noire, la non-pollution lumineuse, les dîners aux chandelles. La nécessité de devoir vivre autrement et de s'adapter au jour. L'électricité coûte chère, alors on essaye d'y avoir recours le moins possible...mais que pouvons-nous faire réellement sans électricité, en particulier la nuit ?
Impossible de prendre un livre pour lire avant de s'endormir (déjà il faudrait réussir à trouver le livre puis le lit dans le noir, et ça, c'est un sacré défi!). Impossible d'aller sur internet, de regarder la télé ou encore de brancher son ordinateur pour travailler...
Imaginez à présent votre ville s'éteignant complètement...plus de lampadaire pour éclairer les rues, votre viande décongèle peu à peu dans votre congélateur, vous ne pouvez plus accéder à internet, et avec un peu de chance, vous avez juste encore un peu de batterie sur votre ordinateur portable et votre mobile, mais plus pour très longtemps...
Dans ces temps de coupure, j'en profite pour observer le ciel (je vais essayer d'apprendre les constellations du sud), écouter la nature qui reprend le dessus (en particulier les moustiques), me poser en attendant que cela revienne...Rien n'est acquis d'avance et il n'est pas inutile de savoir faire sans...on se sent tellement petit et impuissant dans ces cas-là. Ça nous remet à notre place de petit homme face à l'immensité du monde qui nous entoure.


Si vous souhaitez tenter l'expérience, essayez de vivre sans électricité pendant une soirée complète (sans forcément couper le réfrigérateur, ici, il est adapté en conséquence)...cela signifie repasser aux bougies, couper les ordinateurs et la télé...vous verrez que cela n'est pas si facile, et que cela oblige à se réadapter ! Mais peut-être que cela sera moins facile pour vous...ici, je suis obligé de vivre comme ça, la vie est ainsi faite. Pour vous, il s'agirait de résister à la tentation d'allumer la lumière, et puis, à Mada, la vie est adaptée à ces coupures à répétition...


D'eau
Une des premières nuits après mon arrivée, alors que je commence à m'endormir, je perçois de l'autre coté du mur (au dehors) un écoulement d'eau au sol, des pas et quelques échanges de paroles...

Intérieurement, je pense immédiatement :
- « Oh non purée ! C'est quoi ce pays où les gens pissent n'importe où ! Comme par hasard, juste sous ma fenêtre quoi...c'est un cadeau de bienvenue ou quoi ? ».

Et puis, les minutes passent, l'écoulement est toujours là...
- « Ils sont en train de se relayer ou quoi ? Ils ont bu combien de litres d'eau ? ».

Je reste dans mon lit, n'arrivant toujours pas à trouver le sommeil, soucieux que je suis de savoir ce qu'il se passe derrière mon mur...au bout d'une demie-heure, l'écoulement n'a toujours pas cessé. Il me faut me rendre à l'évidence, ou bien il existe à Madagascar des personnes dotées d'une vessie astronomique (peu probable), ou bien il se trame quelque chose dont je n'ai pas connaissance derrière mon mur à deux mètres de mon lit ( un peu plus probable).
J'ai fini donc par sortir de ma chambre pour voir ce qu'il se passait, pour constater...que les jeunes du foyer étaient en train de remplir d'eau trois ou quatre bidons...
Après quelques explications ultérieures, j'ai appris que l'eau potable n'arrive qu'aux environs de 23h, par un seul robinet...qui se trouve contre ma cloison...
Alors il faut s'organiser. Chacun leur tour, les jeunes prévoient de se réveiller vers 23h dans la nuit pour aller remplir les jerricans et pourvoir ainsi aux besoins de la journée suivante. Et 23h, ici c'est tard quand la nuit tombe à 18h et qu'on est levé à 5h40 le lendemain matin...L'eau pour prendre une douche, se laver les mains, ou encore la vaisselle reste disponible...sauf pendant quelques petites coupures...
Gaby nous a informés qu'il va nous falloir économiser l'eau dans les mois qui suivent jusqu'aux prochaines pluies, qui seront fin décembre. (ça c'est un sacré cadeau d'anniversaire : pouvoir se laver en toute tranquillité!). Bref, d'ici là, les douches vont devenir de plus en plus rares...heureusement que les articles du blog ne vous donneront pas d'informations sur l'évolution de mon odeur...sans tomber dans l'excès, j'apprends ici à être sale, et ma foi, ça n'est pas désagréable de se dire qu'on ne sera pas jugé sur notre apparence physique, dans la mesure où tout le monde est logé à la même enseigne...

D'internet
Quel luxe de pouvoir accéder à internet ! Je réalise de temps en temps la chance dont je bénéficie de pouvoir correspondre avec vous par ce biais, alors que je suis bien loin en distance...il y a quelques dizaines d'années, une coopération était un détachement total de la famille et de l'entourage resté en France. Ici, j'ai cette chance de pouvoir vous raconter, d'être soutenu dans ma démarche, de pouvoir vous parler par skype.
Alors de temps en temps, le bon Dieu se charge de me rappeler qu'il s'agit vraiment d'un luxe, et me coupe l'accès pour que je puisse vivre un peu autrement. Les coupures sont assez variables...elles peuvent aller de 15mn à quelques heures, comme ce fut le cas entre hier soir 22h et aujourd'hui 16h...

mardi 18 octobre 2011


Voici Madagascar. Un pays magnifique, et à la fois plein de paradoxes dans ce que l'on voit.
Une petite séance photo pour vous partager ce que j'ai découvert sur la route qui mène au village de La Saline (appelée ainsi pour ses marais salants). Les photos ne sont pas bien grosses, mais j'espère que vous pourrez tout de même apercevoir ce que je vous décris.



 La photo ci-contre a été prise...en roulant ! Vous reconnaîtrez Gladisse au premier plan...et j'aurai peut-être l'occasion de vous présenter plus tard les deux filles d'une des ouvrières du foyer (quand je les connaîtrai un peu plus, je ne peux même pas vous dire pour l'instant leur prénom...). Vous le constatez, la ceinture n'est pas de rigueur ici. A vrai dire, elle n'est obligatoire que pour le conducteur...peut-être au fond la seule qui est encore en état de marche ! Les enfants sont à l'arrière du pick-up, cheveux au vent, assis sur le rebord du coffre...et on roule comme ceci le temps qu'il faut. Pour ce trajet, il s'agissait de 45 minutes, sur « route » ou chemin de terre...plein de trous.
Dans le cockpit (cette fois ci nous étions à l'arrêt !), Faridja, Daniel à droite, Miora sur les genoux de sa soeur Hasina en arrière plan.











Sur la route, nous passons près de rizières, mes premières depuis mon arrivée. 
Des gens s'y affairent avec leurs zébus. C'est leur quotidien. Comme beaucoup d'autres photos, celle-ci est penchée...prendre la photo en roulant, sans m'afficher devant eux et les prendre pour des bêtes curieuses, c'est pas facile...


Voici les marais salants de La Saline...Quand on s'y approche de plus près, voici ce que donne les cristaux de sel...Et non, je n'ai pas utilisé un microscope pour prendre la photo !
Vous pouvez peut-être éventuellement apercevoir les manguiers qui donnent les fameuses mangues de Diego...si vous avez de bons yeux, on aperçoit les mangues...(petits points oranges dans les arbres), mais j'avoue que la taille de la photo n'aide pas beaucoup...





 Je vous parlais de paradoxes, les voici. De loin on s'imagine mal, et de même, la photo a été prise en roulant et en étant le plus discret possible...mais elle ne représente pas l'odeur et la saleté dans lesquelles vivent ces gens au quotidien. Ce sont des chiffonniers...ils récupèrent les détritus, en brûlent d'autres et vivent dans des cabanes jonchées de détritus.
De même, voyez l'état très précaire des maisons...Gaby m'a dit : "c'est pauvre c'est sûr, mais contrairement aux européens, la maison n'est pas un lieu de vie. Ici on vit en permanence dehors."...
Je regarde les gens s'affairer autour de leur cabane et une première réflexion me vient à l'esprit "J'ai l'impression que ces gens sont pauvres, je me demande comment ils peuvent être heureux là-dedans...j'ai beau dire que l'argent ne fait pas le bonheur, il est quand même important...". 
Une deuxième pensée fait son apparition "Mais c'est un luxe que je peux me payer, moi, Français, de me poser la question Suis-je heureux dans ce que je vis ou non ? Ici on n'a pas le temps d'y penser. On vit, un point c'est tout. Le bonheur et le malheur, ça n'existe pas, ou très peu. Ils connaissent probablement la valeur de la vie et où est l'essentiel."Il me tarde de rencontrer quelques unes de ces personnes.


Je finis cet article sur le sourire de Miora ("Miour") (qui n'est rien à côté du sourire qu'elle affiche dans la réalité, je pense que l'appareil photo la tétanisait un peu...)...Avec ses soeurs Beby (16 ans) et Hasina (15 ans), elle vient nous rendre régulièrement visite, notamment les week-ends et le mercredi après-midi...c'est-à-dire quand il n'y a pas cours !
J'ai été très étonné lorsqu'elle m'a dit qu'elle avait neuf ans...les Malgaches font tellement moins que leur âge ici ! Je lui en aurais donné six ! Ce qui est sûr, c'est que son rire et sa joie sont très communicatifs et qu'elle est très chatouilleuse !

samedi 15 octobre 2011

Landry

Voici Landry...

Landry est un des jeunes du foyer. Il a 21 ans et parle très bien français et anglais (enfin, pour l'anglais, j'ai pas pu vérifier...il a juste un meilleur niveau que moi...pas dur...). En conséquence, il a été nommé ministre des affaires étrangères du foyer ! Il est donc chargé d'accueillir toutes les personnes extérieures au foyer qui viennent séjourner quelques jours avec nous.

Ajouté à cela, Landry est très attentif aux autres. Lors de mon arrivée, j'ai notamment été touché par sa manière de m'accueillir, essayant d'engager la conversation, de me présenter aux uns et aux autres et de rester régulièrement à mes côtés pour que je ne me sente pas trop perdu au milieu d'inconnus. Comme la plupart des malgaches, Landry est très souriant, et c'est un réel plaisir d'être en sa compagnie.
(Fabrice et Landry pendant le triage de riz)
Si vous passez un jour au foyer Brottier, c'est sans aucun doute à lui que vous aurez affaire lors de votre arrivée, et cela ne peut que vous promettre un bon séjour à Madagascar !


Jeudi soir après le repas, j'ai donc profité de la présence de Landry dans la cour pour engager la conversation avec lui, et ce fut ma foi une discussion très enrichissante !
Ce fut l'occasion de parler de sa présence ici au foyer, de sa famille, son père aurait préféré qu'il soit médecin, mais lui avait déjà choisi d'être prêtre...
Fidèle à son caractère d'écoute, Landry s'est soucié de savoir si mon acclimatation à Madagascar se passait bien, de savoir ce qui était le plus difficile jusqu'à présent. Nous avons bien sûr parlé de ma "vocation" que tout le monde connait pour être professeur de philosophie (!), du bac malgache et français, et nous avons dérivé sur les différences franco-malgaches, le fait d'être un blanc ici...
Voici un extrait de notre discussion  :


  • (Moi, Augustin) Et oui, je découvre un peu ce que c'est de faire partie d'une minorité ! L'autre jour, avec Christian on va à la messe, je sors de la voiture, je me retourne vers le perron de l'église, et je me suis rendu compte que tous les gens (c'est-à-dire une cinquantaine de personnes) avaient les yeux fixés sur moi ! Je ne pouvais rien faire qui soit scruté et analysé par toutes les personnes ! En plus, ça va être comme ça pendant deux ans, ils vont pas s'habituer les gens ! C'est terriblement stressant ! 
  • (Landry) Ah oui ? Et bien peut-être alors que ça va être à toi de t'habituer...
  • ... 
  • ...
  • Pas faux...

...Pas faux, ça sera peut-être plus simple pour moi...

Lorsque nous avons abordé ensemble la différence de niveau de vie entre Madagascar et l'Occident, Landry m'a montré qu'il était de ceux qui pensent que l'argent ne fait pas le bonheur.
"Tu sais, il y a des Européens et des Américains qui viennent ici et qui disent que Madagascar est un pays pauvre, mais moi je sais qu'il y a plein de familles qui sont heureuses ici même avec peu d'argent".
Et c'est tellement criant de vérité...

Une des premières réflexions que j'ai eu en arrivant est celle-ci...
"C'est bizarre, ma douche est froide et dégoûtante, il y a des lézards, des moustiques et de la poussière plein ma chambre, on mange du riz tous les jours, il n'y a pas de plaques à induction, de brumisateur et de stores électriques, mais pourtant, personne ne se plaint et personne ne semble en souffrir...".

Ma formation d'éducateur spécialisé m'avait déjà amené à réfléchir sur ce thème et avait fini de me convaincre que le bonheur passe d'abord dans les relations avec nos semblables, c'est la plus grande richesse à mon sens. C'est la base. L'argent et le confort matériel n'arrivent qu'après et tant qu'ils sont au service de l'Homme, et non pas l'inverse.

Ici, chacun semble se satisfaire de ce qu'il a, même quand il a peu. Bien entendu, tout n'est pas rose, et vous le savez aussi bien que moi, mais c'est quand même la joie qui ressort principalement de ce que j'ai pu remarquer depuis un mois...

A vous qui lisez cet article, voici une petite question philosophique...
Savons-nous nous satisfaire de ce que nous avons ?

C'est plutôt facile pour moi de me poser la question dans la mesure où l'entourage que j'ai actuellement me pousse à me satisfaire de ce que j'ai, mais je pense que cela vaut le coup que nous nous posions chacun la question...

J'attends vos réponses...et si elles me parlent vraiment beaucoup, j'en publierai quelques unes !

Même si un décalage subsiste dans notre relation du fait d'un statut prof/élève et d'une différence culturelle encore présente, c'est la première fois depuis mon arrivée à Madagascar que j'ai l'occasion de parler pendant une petite demie heure avec un Malgache. Et ça fait du bien.
Car j'aurai beau dire, si la coopération est une chose magnifique parce qu'elle permet un échange de savoirs, il n'en demeure pas moins qu'il me tarde de rencontrer vraiment les gens dans ce qu'ils vivent...Landry m'y aidera probablement.

mardi 11 octobre 2011

Premiers cours, premières impressions...

Je les attendais depuis quelques temps, ça y est, j'ai commencé !
Je découvre les plaisirs et les petites contraintes du métier de professeur...après quelques minutes de cours, j'ai déjà de la craie plein les doigts et les habits...
Au programme de ces premiers cours, quelques initiations au français et à la philosophie. Les cahiers des élèves se remplissent peu à peu de mots de vocabulaire avec les définitions, dans une semaine, première interrogation...Ceux-ci m'obligent à comprendre moi-même les subtilités de la langue française, et me poussent dans mes retranchements...

  • « Mais je ne comprends pas la différence entre frais et froid ! C'est quoi la différence ?
  • Mouais, alors euh...
  • Disons que le frais, ça fait du bien, comme le verbe « rafraîchir », on a une sensation de bien-être quoi ! Un peu comme du pain frais, le pain frais ça fait du bien...le pain chaud...
  • Mouais, c'est pas un bon exemple...J'avoue. Disons que quand il fait froid, c'est pas agréable, quand il fait frais, ça te fait du bien.
  • Et comment on fait pour distinguer une bière Fresh d'une bière fraîche ?
  • Euh, j'avoue que je suis ni un spécialiste de la bière et de l'anglais, mais si je me trompe pas, ça doit être la même chose...et puis, honnêtement, on s'en fiche, du moment qu'elle est bonne !

Une première dictée où chacun corrige son voisin, et finalement, pas tant de fautes que ça...je m'attendais à pire. J'aborde les champs lexicaux et mets en place un mini-taboo où séparés en trois équipes, les jeunes doivent faire deviner aux autres équipes un mot, à l'aide de cinq autres mots appartenant à son champ lexical...
Par exemple, si je vous dis « voyage, entraide, mission, développement, intégration », quel est le mot générique ?
Certains se sont mis en tête de faire deviner le mot primate...good luck...

Un petit cours sur la lecture, sur le désir de transmettre un texte aux autres, le besoin de le préparer, d'articuler, de mettre le ton, de faire éventuellement des gestes, et de faire vivre le texte, sans quoi tout le monde s'endormira...J’enchaîne avec quelques phrases pour les obliger à articuler et à prononcer correctement :
  • « Suis-je chez ce cher Serge ? »
  • « Piano, panier, piano, panier, piano... »
  • « Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches ? Archi-sèches ! »
  • « Un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur »
Je me confronte rapidement à la prononciation malgache où « ch » et « ss » ne font qu'un...mes phrases ne servent plus à grand chose...
Ce qui est sûr, c'est que le fait de parler à une salle de néo-francophones m'oblige à articuler et à parler lentement...plus efficace qu'une leçon d'orthophonie ! Cela ne me fera évidemment pas de mal, car ceux qui me connaissent feront bien évidemment référence à ma rapidité d'élocution habituelle ! Mais si je veux que chacun suive, il me faut faire des efforts.
Les différences de niveaux sont remarquables, entre ceux qui comprennent facilement, s'expriment facilement et ont un bon niveau de réflexion et ceux qui ont du mal à comprendre ce que je dis (même quand je parle très lentement), me font répéter les phrases et ont beaucoup de difficultés à répondre à mes questions...il va falloir m'adapter à ces différences...pas évident !

Et mardi matin, enfin, premier cours de philosophie...cours sur la nécessité de s'étonner du monde qui les entoure, de s'étonner, d'être curieux et de poser des questions pour comprendre, tout en sachant que chaque réponse est personnelle et est empreinte de subjectivité. Quelques débats et discussions émergent sans que je n'aie posé aucune question et me font sourire intérieurement, signe que mon cours les interpelle et les fait réfléchir.
Le niveau de réflexion de certains m'étonne vraiment, certains commençant en effet à s'interroger sur la place de la science dans la philosophie, et laquelle des deux est première...à ce rythme là, je ne vais bientôt plus réussir à les suivre !

De manière à impulser une dynamique de curiosité et de réflexion, je leur donne 1/4h de réflexion pour que chacun trouve trois questions sur le monde qui les entoure, comme si ces questions étaient posées par une personne venue de Mars...
Voici quelques unes de ces questions, des plus pertinentes aux plus drôles !
  • Pourquoi je suis un Homme ?
  • Pourquoi Jarry est chauve, alors que moi j'ai des cheveux ? (hilarité générale dans la salle)
  • Pourquoi la vie de l'Homme a beaucoup de tentations ?
  • Pourquoi je suis né un mois de juillet ?
  • Pourquoi je ne suis pas toi ?
  • Pourquoi je suis né ici et pas en Amérique ?
  • Pourquoi pouvons nous parler ?
  • Pourquoi les gens n'ont pas la même valeur ? (entendre par valeur le même statut social, la même richesse)
  • Pourquoi on montre les dents quand on rit ?
  • Pourquoi les africains sont très noirs par rapport à nous ?
  • Pourquoi Augustin nous fait poser des questions ? (nouvelle hilarité)
  • Pourquoi Dieu n'a pas de créateur ?
  • Pourquoi les hommes ont les yeux en face et pas derrière ?
  • Pourquoi on a pas la même figure ?
  • Pourquoi moi ?

S'en est suivi trois quart d'heure de réflexion sur la question « Qui suis-je ? », aidée de quelques sous-questions
« Choisit-on ce que l'on est ? »,
« Aurais-je été quelqu'un de différent si je m'appelais Simon ? »,
« Suis je quelqu'un qui se résume à un corps ou à un esprit ? »...
Après la réflexion, la pratique, où j'ai posé des questions volontairement contradictoires sur leurs réponses, les obligeant à réfléchir plus en profondeur sur ces questions...la performance n'est peut-être pas exceptionnelle, car je ne suis pas un grand parleur, mais certains ont réussi à argumenter leur position malgré toutes mes questions destinées à trouver une faille.

Ces questions ont néanmoins soulevé un état d'esprit commun malgache : le fait d'accepter la vie telle qu'elle est et de dépendre vraiment du reste de la société.
Fabrice :
  • Qui es tu ?
  • Je suis Fabrice. D'après ce que disent les autres, je suis un homme. Je n'ai pas choisi d'être ce que je suis, ce sont mes parents qui ont décidé de mon prénom et...
  • Ah bon ? Tu ne choisis pas ce que tu es ?
  • Non.
  • Donc si tu es venu ici par exemple, tu ne l'as pas choisi ? Ce sont les autres autour de toi qui t'ont forcé ?
Je voulais provoquer une réponse du genre « non bien sûr, mais je choisis pas ce que je suis, je choisis ce que je fais », mais la réponse fut tout autre...
  • Non, mais c'est eux qui ont décidé pour moi, et j'ai accepté.
  • (là, il m'a pris complètement à contre-pied). Ah...donc tu veux dire que tu n'as pas choisi d'être prêtre ? (animé encore d'un petit espoir)
  • Non, c'est mon entourage qui a dit que je serai prêtre, et j'ai accepté (dans le sens, j'ai accepté cette décision, c'est le destin)

J'ai retrouvé cet état d'esprit dans beaucoup de discussions avec eux. « je ne choisis pas de changer mon caractère, il est comme ça, c'est le destin »...
J'avais perçu ce trait de caractère en arrivant, mais d'un côté plutôt positif, me disant que cette société était vraiment bien puisqu'elle n'était pas en train de toujours demander plus...
Après ces échanges, j'ai plutôt l'impression qu'elle demande toujours moins...et j'ai bien envie de reprendre la discussion avec Fabrice...

Ces deux premières journées de cours se sont très bien passées, il va maintenant falloir que je planche sur la sociologie et sur les cours de la semaine prochaine...si vous avez des idées, je suis preneur !
Et puis...ne croyez pas que les profs n'apprennent rien des élèves...en deux journées de cours, j'en ai peut-être appris autant qu'eux...c'est passionnant !

samedi 8 octobre 2011

La "vraie" rentrée approche...vraie car j'ai donné ce matin 1/2h d'accompagnement auprès des jeunes concernant des exposés qu'ils ont à préparer...

Lundi je donne donc mon premier cours auprès de ces 14 élèves que je pense motivés !
Pour vous donner un peu une idée de ce qui les attend pendant cette année, voici leur emploi du temps hebdomadaire.
A la fin de l'année, ceux-ci devront passer un examen comprenant deux traductions, une du Français au Malgache, l'autre du Malgache au Français, ainsi qu'une dissertation de 80...mots ! Il s'agit vraiment pendant cette année de leur permettre de comprendre correctement la langue, et d'avoir une ouverture d'esprit et une réflexion suffisamment importante pour comprendre le monde qui les entoure.

L'année qu'ils effectuent donc ici est une année propédeutique (c'est-à-dire une année de réflexion destinée à savoir s'ils veulent vraiment devenir prêtre, et s'ils sont prêt à l'être.). Vous constaterez donc que leur emploi du temps est très...théologique !

Lundi
Matin : 1h de cours de pastorale (pour apprendre à donner des cours de catéchisme aux enfants), et 2h de français avec moi. Ces deux heures sont plutôt consacrées à l'apprentissage du vocabulaire.
Après-midi : 2h30 de français toujours avec moi axées autour de la lecture.

Mardi
Matin : 3h de philo...toujours avec moi !
Après-midi : 2h de cours sur l'histoire de la congrégation des Spiritains (communauté du foyer) puis travail personnel

Mercredi
Matin : 1h de chorale pour apprendre des chants en français (je suppose que ce sont des chants religieux). Puis 2h de français (grammaire), mais ce n'est pas moi qui donne ces cours...
Après-midi : 2h30 de français (grammaire encore)

Jeudi
Matin : 1h de travail personnel, 1h de chorale (chants en malgache), puis 1h où chacun s'occupe des responsabilités qu'il a au sein du foyer (par exemple aller réparer un vélo pour ceux qui sont en charge du garage, ranger la bibliothèque pour le responsable, regonfler les ballons pour le responsable des sports, etc.)
Après-midi : Temps libre.

Vendredi
Matin : 1h de cours de méthodologie pour les examens de fin d'année, puis 2h de cours de spiritualité.
Après-midi : 2h de cours de liturgie.

Samedi
Matin : Préparation des exposés qu'ils doivent présenter en avril (avec moi)

A partir du samedi midi jusqu'au dimanche midi, les jeunes se rendent dans les paroisses pour y faire du catéchisme auprès des enfants. Le dimanche après-midi est libre.

Pour ma part, mon emploi du temps n'est pas encore complètement fixé. Outre les quelques heures que j'aurai à donner au foyer, le grand séminaire est venu l'autre jour me demander de donner 1h de cours de...sociologie et 1h d'accompagnement d'exposés par semaine...il est question également que je donne des cours de soutien en mathématique à trois jeunes chaque semaine (c'est déjà plus dans mes cordes !) et les religieuses du coin, selon le père Gaby, ne seraient pas contre me solliciter 1h ou 2 par semaine pour donner des cours de...musique ! Je serai donc peut-être fixé dans quelques temps...
Ici, je deviens un peu multitâche comme vous pouvez le constater ! Les jeunes ont même demandé à apprendre à utiliser un ordinateur et le solfège...j'ai pour l'instant calmé leurs ardeurs en leur demandant d'attendre un mois pour voir si le rythme de leur emploi du temps ne serait pas trop élevé...ça me permettra surtout le temps de m'acclimater un peu à toutes ces nouveautés !


Je pense vous donner rapidement des nouvelles de mes cours, quelques photos de ma salle de classe, éventuellement le contenu de mes premiers cours de philosophie pour ceux qui ont envie de réfléchir un peu...(pour ceux qui ne seraient pas habitués ;-) ).

Jusqu'à présent, je parle principalement de ce que je vis ici, des rencontres, des différences culturelles que je perçois...mais certaines choses commencent à devenir habituelles pour moi...et ne le sont peut-être pas pour vous ! Si vous souhaitez avoir plus de précisions, n'hésitez pas à me poser des questions sur un sujet en particulier, ça me fera quelques articles supplémentaires à rédiger, et je me ferai une joie de vous partager ce qu'il se passe ici ! (je m'apprête par exemple à prendre des photos et vous parler un peu plus de la cuisine au foyer...).

Bref, votre curiosité est bonne pour ma coopé parce qu'elle me fait réfléchir...alors n'hésitez pas !

mercredi 5 octobre 2011

Supercalifragilisticexpialidocious

Voici un petit jeu des plus amusants ! Je vous ai écrit en dessous la liste de mes élèves...
Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un véritable exercice que les orthophonistes eux-mêmes auront du mal à effectuer...Bref, je vous défie de prononcer correctement tous ces noms plus vite que moi ! J'ai mis 35 secondes...
A noter que vous ne compterez que 14 noms sur les 15 annoncés précédemment : l'un des gars est reparti aussi vite qu'il est arrivé, le temps de dire qu'il voulait rentrer chez lui...

GELGINAU Tiandray
BARIJAONA Odilon
MAHAVANONA Jean-Landry
FENO Jean-Fabrice
VELOSOA Brilland Vincent
NAMBININJANAHARY NANTENAINA FIFALIANA Pierre
RANDRIANARISOA Louis Donatien
NAIVOSOLO Jean-Marie
ANDRIANJAKA Hery Nantenaina
VELOMINTSANGA Jarry
RANDRIAMIHAJA Mercié
RAKOTOSON Jean Christian Alphonse
ONJANIAINA Fetra Jean-Odon
SONY Jocelyn

Pour information, les noms soulignés sont les noms d'usage. C'est-à-dire que c'est le nom que l'on utilise pour les appeler...un peu comme si moi, Augustin GEROUDET, vous m'appeliez Gérou...Je vous raconte pas le bazar pour s'y retrouver...quelle galère au moment de faire l'appel le matin...

Les noms sont à rallonge ici, car ils signifient tous quelque chose ! Dans un de mes livres sur Madagascar, il est question des rois Andriantsitakatrandriana, Andriantsimitoviaminandriandehibe et Razakatsitakatrandriana...(rien qu'à les écrire, j'ai du mal !). En fait, rien qu'à leurs noms, vous pouvez quasiment connaître leur vie par coeur...un peu comme les indiens appellent leurs enfants "fleur-coquette-à-une-seule-dent-qui-aime-le-boudin-farci-au-miel" ou "serpent-boiteux-unijambiste-dont-les-putois-sont-ses-amis" !


La signification des noms Malgache est cependant un peu plus "raffinée" :

"Andriana" (ne pas prononcer le dernier "a") signifie "le prince".
"Ra" signifie une personne respectée, on pourrait comparer ça à "Monsieur" ou "Sir". Si vous cherchez bien, vous le retrouverez dans beaucoup de noms...
"Raza", c'est à peu de chose près, "l'ancêtre". Il faut savoir que la culture des ancêtres est très présente à Madagascar, et on se présente toujours comme "fils de... et de ...".

Comme vous l'aurez remarqué, l'un de mes élèves s'appelle : NAMBININJANAHARY NANTENAINA FIFALIANA Pierre
"Fifaliana" signifie "joie" / "Nantenaina" signifie "espérer"...alors déjà, on peut voir que Pierre a été espéré et que sa naissance fut une joie pour ses parents...tout comme une adolescente que je connais depuis quelques jours qui s'appelle "Hasina"...qui signifie "sacrée". Magnifique n'est-ce pas ?! Ca nous ramène à la valeur de la vie non ?

lundi 3 octobre 2011

Musique

Peu de choses à raconter ces temps-ci, mais j'en aurai plus dans quelques temps, c'est sûr !
Depuis une semaine, les jeunes arrivent au foyer. Ils sont aujourd'hui quinze et tout le monde est arrivé ! D'après Christian et Gaby, il s'agit de la plus grosse rentrée que le foyer ait vécue... !
On m'avait annoncé une douzaine de jeunes entre 18 et 20 ans, la réalité est tout autre puisque quatre-cinq jeunes sont plus vieux que moi ! Le plus âgé a pour ainsi dire la trentaine...

(De gauche à droite : Donatien, Landry, Jean-Marie, Brilland et Pierre. On aperçoit Christian en arrière plan)



Cette semaine, l'organisation du foyer va donc se mettre en place. Les jeunes vont se voir attribuer différentes responsabilités valables durant toute l'année, un temps de présentation est également prévu, tandis que les Pères Gaby, Christian et Lélio, et moi-même nous repartirons les différentes heures de cours à donner pendant la semaine.

(De gauche à droite : Pierre, Odon, Jocelyn et Mercié)

Le niveau de la classe risque d'être assez hétérogène, et je suis actuellement en train de revoir à la baisse les contenus des cours que j'avais prévus : plusieurs jeunes ont en effet beaucoup de mal à me comprendre (même quand je parle lentement, si si, ne riez pas, je sais faire!), à lire ou à s'exprimer en français, tandis que d'autres peuvent mener des discussions sans grande difficulté.


Hier après-midi, quelques jeunes sont venus me demander s'il pouvait m'emprunter ma guitare, et voici ce que ça donne :



Christian me dit qu'ici, tout le monde fonctionne à l'oreille, et que personne ne sait lire de partition. Vous pourrez cependant constater que cela donne quelque chose de tout à fait charmant ! De la même manière, les chants entonnés sont souvent magnifiques, les malgaches n'hésitant pas à chanter à plusieurs voix. Personnellement, je suis fan, c'est tout simplement splendide !