vendredi 2 décembre 2011

Prénoms

Les prénoms...quel aventure !
Connaissez-vous les prénoms de toutes les personnes que vous avez déjà rencontrées au moins une fois ?

La réponse est probablement non, tout comme moi. Et pourtant, ici comme en France, je m'efforce de ne jamais avoir à demander une deuxième fois son prénom à une personne.
Appeler quelqu'un par son prénom dès le début, c'est lui signifier qu'il n'est pas passé inaperçu à mes yeux, que je l'ai remarqué. C'est lui montrer que je fais l'effort de le connaitre.

Être appelé par son prénom, c'est être reconnu comme une personne à part entière, c'est se sentir exister aux yeux des autres et se sentir unique.
Être appelé par un prénom qui n'est pas le sien, c'est frustrant, nous nous sentons dépossédé de quelque chose, l'autre n'a pas fait l'effort de nous rencontrer réellement.


Apprendre les prénoms ici est plus difficile que cela ne peut paraitre. Chaque culture génère ses propres prénoms. Chaque personne rencontrée ici me donne alors l'opportunité d'en apprendre un nouveau...et ça n'est pas facile.
En plus des personnes, il me faut donc apprendre le prénom en lui-même ainsi que sa prononciation.

Les prénoms ont des origines diverses et très variées...certains de mes élèves s'appellent donc "Jean Giono", "Platini" ou encore "François d'Assise"...bien que surprenants, ces prénoms font référence à quelque chose que je connais : il ne me reste qu'à savoir à qui ils appartiennent.
Il est clair que les personnes qui portent des prénoms connus en France sont avantagées. Gabrielle, Pierre, Daniel, Clément et compagnie ont donc été très rapidement repérés...

J'ai en revanche mis beaucoup plus de temps à connaitre Njaka...
Chacun aura en fait lu "Njaka" alors qu'il faut prononcer "N'zac". Les sonorités malgaches m'échappent souvent et il me faut du temps pour les assimiler et les prononcer le mieux possible. La difficulté est d'autant plus forte que les prénoms se mélangent souvent aux noms, et que l'on ne sait pas toujours comment appeler la personne...Les prénoms sont donc régulièrement écorchés et certains n'hésitent pas à se simplifier la tâche en appelant les autres selon leurs propres convenances.

C'est ainsi qu'en arrivant ici, Christian, l'un des jeunes, s'est vu prénommé Alphonse par certains, afin de ne pas être confondu avec le Père Christian. J'ai sagement suivi le mouvement, jusqu'au jour, où en discutant avec lui, j'ai réalisé qu'il préférait être appelé Christian...tant pis pour la solution de facilité, Christian est redevenu Christian !

Les fruits de ces efforts, je les ai vois régulièrement sur les sourires des gens agréablement surpris de savoir que je les ai repérés. C'est en particulier le cas des sœurs du Noviciat auprès de qui je donne des cours de Français et de guitare. Ayant fait un plan de la classe, j'ai très rapidement pu retenir leur prénom, ce qui a eu pour effet de véritablement les surprendre, j'en ai pour preuve les larges sourires de surprise qu'elles ont abordés à l'entente du leur. La tendance ici ne semble pas être à l'individualité et Christian (Père Christian) m'a dit être étonné du fait que j'appelais chacun et chacune par son prénom, quand lui n'en connaissait aucun.
Je ne connais pas encore à l'heure actuelle les noms de tous mes élèves...encore faudrait-il qu'ils soient présents en cours...aux deux derniers pointages du cours de sociologie, ils étaient 16 puis 21 étudiants...sur les 35 de ma liste ! Priorité donc aux assidus, ce sont eux que ma mémoire enregistre plus facilement...Une chose est sûre, eux m'ont plus facilement repéré ! Un nouveau venu, blanc de surcroit, se repère plus facilement ici et il est assez courant pour ma part de croiser quelqu'un me saluant par mon prénom sans parvenir pour ma part à me souvenir où j'ai vu cette personne...j'espère que cette situation se produira de moins en moins, c'est un défi que je relève au quotidien...

Dire notre prénom est la première chose que nous faisons en déclinant notre identité, et demander son prénom à quelqu'un est l'une des premières questions que nous apprenons lorsque nous désirons connaître une langue étrangère.
Azovy anaranao ?
Ny anarako dia Augustin...

Et vous ? Certains me lisent du Canada, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Tunisie et de France, de Russie, d'Algérie, de Belgique et des Pays-Bas, du Pérou, de Madagascar et d'Allemagne, du Maroc, du Cameroun et de tant d'autres pays...si je connais le prénom de certaines personnes qui me disent consulter mes articles de temps à autre, d'autres se montrent plus discrètes...

Et vous ? Azovy anao ? (Qui êtes-vous ?) Azovy anaranao ? (Comment vous appelez-vous ?)
Il me reste encore tant de prénoms à apprendre ici et ailleurs, à commencer par le votre...

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