En me rendant au marché ce matin à Diego, j'ai compris le double-sens du mot « bazar »...le sens que nous lui donnons à présent ne comporte malheureusement qu'une idée à priori péjorative... « Va ranger ta chambre, c'est le bazar ! »...Impression de désordre, de non-rangement. Mais le bazar, c'est aussi des odeurs, des sons, des images...un désordre, certes, mais un désordre qui témoigne de la vie.
Quelle animation ! Quelle vie ! Les légumes sont lavés et les poissons vidés devant nous, la viande est découpée à même l'étalage envahi de mouches ! Les poules, pattes attachées, attendent sagement que des acheteurs se présentent tandis que les crevettes encore fraîches nagent dans les seaux remplis d'eau. Les femmes sont assises à même les étalages, leurs enfants contre elles, les négociations vont bon train, on crie, on rit, on essaye de vendre, et moi, je respire la vie à plein nez.
Je ne comprends rien à leur langage, mais je sens une complicité dans les échanges. Comme si libéré du sens des mots, je pouvais m'attacher à observer la pulsion de vie des uns et des autres. J'entends seulement un « vazaha » (« le blanc, l'étranger », à prononcer « vaza » ) fuser lorsque nous nous promenons dans la foule, signe que je ne passe pas inaperçu avec ma couleur de peau si différente de celles des Malgaches. Remarqué par ma peau, mais également par ma taille...en me faufilant entre les étalages, je me penche de manière à ne pas me heurter aux toiles et aux tôles servant d'abri...les Malgaches sont petits, et je partage un moment de complicité avec Edmond, Jean-Luc et Daniel, les trois jeunes qui m'accompagnent, lorsqu'ils constatent les inconvénients de ma grande taille...
Les deux papayes, achetées au bazar ce matin au coût de 2500 ariarys pièce ( « ariar », 2500 Ar = 90 ct d'euros), avaient tout à coup une autre saveur pour moi lorsque nous les avons mangées ce soir...
Quel poète!
RépondreSupprimerOn comprend pourquoi tu es parti comme prof de philo ^^
@+ à Diego ou Antsirabe ;-)
COQ's