Voilà déjà deux semaines que j'ai quitté la France...et déjà, les articles dans le blog se font un peu plus rares...
Difficile de trouver un sujet à écrire chaque jour ! Et pourtant, ces jours-ci, ce n'est pas le temps qui me manque... !
La fin des vacances approche pour tout le monde, et j'attends la rentrée scolaire avec impatience. Le temps commence à être long ici quand on ne connaît pas grand monde...
Je pensais cette rentrée initialement assez proche, c'est-à-dire pour vendredi 30 (demain)...mais j'ai pris un petit coup au moral quand j'ai appris qu'il allait probablement falloir que je patiente une semaine de plus...
Je partage donc mon temps entre la lecture, la guitare, les repas, les matchs de rugby (heureusement qu'ici on capte les chaînes françaises!), la sieste...
En fouillant dans la bibliothèque du foyer, j'y ai trouvé quelques vieux bouquins encore poussiéreux :
- un ou deux Marc Lévy ou Guillaume Musso,
- mon livre d'histoire de 6ème,
- trois ou quatre « Six compagnons » (pas pu m’empêcher d'en lire un^^),
- des bouquins en veux-tu en voilà de grammaire, d'orthographe datant de l'an 8000 avant J-C...et
- « Le Monde de Sophie » !
Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une très bonne introduction à la philosophie que j'avais hésité à emmener...mais pour ne pas dépasser les 25 kg de bagages, j'y avais renoncé...comme quoi le Bon Dieu pense à tout :)
En commençant à préparer mes cours de philosophie donc, je lis que la première qualité d'un philosophe est de savoir s'étonner en permanence sur le monde extérieur.
Ne jamais s'habituer à ce qui nous entoure et avoir les yeux d'un nouveau né qui découvre le monde...En lisant, je ne peux m'empêcher de me comparer à ce nouveau-né.
Un peu comme si cette coopération, ces découvertes que je fais font partie d'une nouvelle naissance. Ici, il me faut remettre en question une bonne partie des choses que j'ai apprises jusqu'ici, m'étonner sur les paysages, les fruits exotiques, les modes de relation, les animaux, les bâtiments, la relation au temps, les gens...et je me mets à imaginer à l'inverse un Malgache découvrant en France le métro, le train, la neige...
Je passe pour un illuminé ici à photographier une noix de cajou ou la viande de chat...(à propos, certains ont des vues sur le dernier chat encore en vie...), mais c'est justement ça s'étonner, c'est ne pas s'habituer et cela sera l'une des premières choses qu'il me faudra enseigner. Je retrouve un peu cet esprit d'étonnement qu'ont les enfants quand ils entrent dans ma chambre, à regarder les photos laissées sur mon bureau, à vouloir toucher ma guitare, prendre des photos et jouer avec le bâton du diable laissé sur ma valise...
Je me confronte aux généralités que je suis tenté de faire à chaque fois que je vois une personne agir d'une certaine façon :
« Il a fait ça, donc tous les Malgaches font comme ça, donc c'est dans leur culture »...
Puis me prend à réfléchir intérieurement :
« Ben oui, mais s'il a fait ça, c'est peut-être dû à son caractère, peut-être que ça n'a rien à voir avec la culture... »...
Dur dur de savoir faire la part des choses dans un monde presque inconnu où mes repères ne sont pas beaucoup plus nombreux que les flocons de neige...
Je me mets à comprendre de mieux en mieux la nécessité pour un étranger de se raccrocher à ce qu'il connaît, à son pays et la difficulté qu'il peut avoir à vivre la différence. Au bout de deux semaines ici, j'en ai déjà marre de manger du riz à chaque repas avec des bouts de viandes où il y a plus de gras que de viande (oui Emmanuel, j'enlève le gras^^)...et je pense parfois au bon pain frais français...
Mais c'est justement ça. C'est accepter de renoncer à mes habitudes, à mon confort pour me confronter à d'autres manières de faire, pour faire un pas vers l'autre et m'intéresser concrètement à lui. Et c'est pas facile tous les jours.
Mais c'est justement ça. C'est accepter de renoncer à mes habitudes, à mon confort pour me confronter à d'autres manières de faire, pour faire un pas vers l'autre et m'intéresser concrètement à lui. Et c'est pas facile tous les jours.
A ce sujet, je vous remercie de vos commentaires, vos mails, vos petites attentions ponctuelles ou régulières ou tout simplement le fait que vous veniez me lire...c'est grâce à vous qu'il m'est permis de vivre cette coopération...
P.S : Les deux photos sont des grands tissus que j'ai découvert hier en me rendant à la chapelle du foyer. Je trouve que ça se prête assez bien à ma coopération...